24 février 2021
FRANCOIS LAUR...Extrait
Si m'était consenti le pouvoir de ne pas diffamer l'averse, ni le martèlement du grain au vasistas, de ne pas enlaidir tes larmes lavandières dans une chapelle ardente, fenêtre ouverte, bruits venant par à-coups ;
de ne pas flétrir la fleur d'aurore ou les chatons de tamaris, ni ta rose lèvres décloses ;
de m'asseoir, faire silence et dire juste les odeurs de la forêt : celles des plantes et des mousses, des arbres et des lichens, des champignons et de l'humus ; le parfum de ton nid moussu ;
de ne pas ternir l'essor de l'alouette, ses trilles trémolos de plein vol, et moins encore tes murmures, tes vagirs de vraie vie ;
de ne pas encanailler cet œil éburnéen qui enlumine les amants lorsque la lune est à son comble, ni mal répondre de tes hanches qui m'emportent en roulis dans la pénombre de mes failles ;
de ne pas altérer les beaux jours, ni d'abolir autan et sirocco qui endiablent le brasier, de ne pas faire affront au temps des vendangeurs, à des nuits de voyage qui pantellent très haut, à l'ambré de tes saisons ;
de rendre justice à l'arrondi de la colline chantourné sur fond bleu et toi qui sors des flots, oh non pas née de l'écume ni ceinturée d'or, mais qui m'as offert en cadeau à moi-même,
je laisserais sauter les mots comme largesses de la vague.
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