2 septembre 2021
THIERRY MATHIASIN...Extrait
Nous irons au pied des soleils enterrer nos morts, élever à la faveur des grands arbres les deuils qui ont pris racine dans nos yeux,
les rêves éteints que les pluies vont diluer dans les canaux qui longent le cimetière
Nous n'aurons de cesse d'écouter le vent qui coiffe d'une main tremblante la bordure des jours,
le chant des flamboyants loin des rivages où la mer est revenue avec ses vagues désossées
Mon corps ne peut contenir tout le cortège des départs, ni se reposer de la violence des souvenirs encore vifs, ces visages pétris dans un ultime regard
Les lits sont trop bruyants pour atténuer le cri silencieux des murs qui ne pourront habiller nos âmes en peine, égayer les fenêtres que les oiseaux ont désertées,
en partance déjà vers un autre pays, marchant entre nos silhouettes frêles,
nos gestes et nos mots comme des paysages transitoires au seuil des aubes à venir
Ne les laissons pas voguer seuls, ni creuser davantage le temps qui nous sépare d'eux, offrons-leur un espace où ils puissent nous parler,
narrer ce qui fut leur vie mêlée à la nôtre
Nous partons tous un peu à l'instant même où nous leurs ouvrons nos bras et tombons avec eux dans cette nuit immense qui nous attend aussi,
un carrefour où nous nous retrouverons tous un jour sans nous être donné rendez-vous
Et si parfois nous titubons par trop de douleurs, délaissant à la terre le poids de nos ombres,
couvrant les enfants de nos sourires pour ne pas sacrifier notre joie et réenchanter nos fragilités pour vivre à plein nos âges
Nous allons tous recoudre ce qui à été déchiré, panser dans la blessure des échos ce qui fait notre demeure, rester debout malgré tout,
irriguer les plantes qui bordent nos mélancolies,
les voix qui tapissent nos chambres en de terribles miroirs
Et ce ballon gris en forme de coeur que j'ai vu s'envoler au-dessus du morne, emporter dans mon regard les derniers échanges que j'avais eus avec ma Tante Réna qu'on portait en terre
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