19 février 2022
MA SOUFFRANCE ET TA JOUISSANCE
Serions nous victimes d’une croyance, une sorte de religion (laïque) de la part des politiciens qui gèrent les affaires de l’état, qui organisent l’état d’urgence, et de la part des scientifiques qui les conseillent?
Serait ce le fruit d’une vision du monde?
Y aurait il une indécence, au moment où des gens meurent et souffrent, à en laisser d’autres célébrer la vie, sa part lumineuse comme sa part d’épreuve? Y aurait il une impossibilité à laisser s’exprimer la jouissance collective que génère l’émotion esthétique, avec l’intuition plus ou moins enfouie ou clairement consciente qu’elle pourrait vite être hors de contrôle. Y aurait il une perversion à consoler les coeurs?
Serait ce le fruit d’une vision du monde?
Y aurait il une peur sincère de laisser une partie du peuple « s’échapper » par l’art, ce qui ouvrirait une dangereuse brèche dans la maîtrise de la population et de son obéissance, alors qu’il faut, pour son bien, la cadrer et la guider dans son quotidien de crise? (Un éminent généticien privilégiant un confinement drastique semblait dire que dans le cas présent, une dictature était plus efficace qu’une démocratie.) Discipline contre liberté de sentir et de penser…
Une vision du monde?
Ainsi, on comprendrait soudain, alors qu’on reconnait aujourd’hui l’absence de danger lors des spectacles assis et des séances de cinéma, qu’on ne les autorise pas. Serait ce la logique cachée derrière ce fait en apparence si irrationnel? Les supermarchés qui sont plus dangereux en terme de contamination ne heurtent pas cette …
vision du monde.
Je me souviens de cette anecdote (il y en a eu tant et tant de semblables) un peu avant la fin du tout premier confinement, d’un inoffensif promeneur solitaire en forêt verbalisé alors qu’au même moment, dans la ville toute proche, on ré-ouvrait officiellement les supermarchés de bricolage qui se retrouvaient aussitôt engorgés, dans une grande promiscuité.
Il y a peut-être, derrière l’absurdité apparente, un sens à ceci, comme…
une vision du monde?
Pourtant, si l’art permet d’éclairer le vécu des femmes et des hommes, de l’enrichir, de célébrer la plénitude de l’acte de vivre, il a sa part vitale en période de souffrance tout autant qu’en période de joie.
Peut-être alors que l’interdiction des arts est une faute?
Peut-être que la décence proposée en étendard est en réalité moralement profondément indécente?
Peut-être que la jouissance est essentielle?
Peut-être que le plaisir, fruit du désir, est le pur sel de la vie?
Peut-être que le partage est le ferment d’un monde meilleur, décontaminé?
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