24 mars 2022
MICHEL PADOVANI
La Corse met ses drapeaux en berne et la France voit rouge.
Mais quelle France !
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Celle qui a arraché à leurs terres entre le XVe et le XIXe siècle pour être déportés quelques 3 ou 4 millions de Noirs d’Afrique vers les Antilles ( Martinique, Guadeloupe, Saint-Domingue), mais aussi vers la Louisiane, la Guyane, la Réunion ou encore l’île Maurice ?
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Celle qui a permis à d’honnêtes négriers de bâtir les somptueuses demeures encore visibles dans plus de 15 villes portuaires de la côte atlantique ?
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Celle qui fit écrire à Napoléon Bonaparte à l’adresse de Pasquale Paoli à propos de la Corse:
«Je naquis quand la patrie périssait. 30 000 Français, vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans des flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards. Les cris du mourant, les gémissements de l’opprimé, les larmes du désespoir environnèrent mon berceau dès ma naissance. Vous quittâtes notre île, et avec vous disparut l’espérance du bonheur ; l’esclavage fut le prix de notre soumission : accablés sous la triple chaîne du soldat, du légiste et du percepteur d’impôts, nos compatriotes vivent méprisés…, méprisés par ceux qui ont les forces de l’administration en main ; n’est-ce pas la plus cruelle des tortures que puisse éprouver celui qui a du sentiment ? L’infortuné Péruvien, périssant sous le fer de l’avide Espagnol, éprouvait-il une vexation plus ulcérante ».
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La France avec son général Bugeaud qui éclaira de ses lumières l’hostile et féroce Algérie en lui appliquant une douce pacification:
« Le but n'est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, de jouir de leurs champs. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes ou bien exterminez-les jusqu'au dernier ».
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« Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards ».
Ce qui fut fait avec méthode et application; des tribus entières, enfants, femmes, vieillards, fellah.
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Enfumades du Dahra (18 juin 1845).
« J’ai visité les grottes, voici ce que j’ai vu »
À l’entrée, gisaient des bœufs, des ânes, des moutons ; leur instinct les avait conduits à l’ouverture des grottes, pour respirer l’air qui manquait à l’intérieur. Parmi ces animaux et entassés sous eux, se trouvaient des femmes et des enfants. J’ai vu un homme mort, le genou à terre, la main crispée sur la corne d’un bœuf. Devant lui était une femme tenant son enfant dans ses bras. Cet homme, il était facile de le reconnaitre, avait été asphyxié, ainsi que la femme, l’enfant et le bœuf, au moment où il cherchait à préserver sa famille de la rage de cet animal.
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Les grottes sont immenses ; on a compté hier sept cent soixante cadavres ; une soixantaine d'individus seulement sont sortis, aux trois quart morts ; quarante ont pu survivre ; dix sont à l'ambulance dangereusement malades ; les dix derniers qui peuvent se traîner encore ont été mis en liberté pour retourner dans leurs tribus ; -- ils n'ont plus qu'à pleurer sur des ruines ! »
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La France des « crevettes Bigeard », de Sétif, Guelma et Kherrata et de la torture institutionnalisée?
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La France de la collaboration, du Vél’d’hiv, des enfants d’Izieu, des wagons plombés et de « nuit et brouillard » ?
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La France qui malgré le blocus ordonné par l’O.N.U. aura jusque dans les années 90, équipé et armé de matériels des plus modernes, le régime d’apartheid d’Afrique du Sud qui traquait Mandela et ces femmes, ces hommes qui voulaient vivre libre?
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La France qui demande à son peuple de faire des sacrifices, de se serrer la ceinture, d’accueillir les réfugiés d’Ukraine et qui dans le même temps permet au fleuron de ses entreprises de collaborer avec la Russie comme elle avait permis à ses grands patrons, ses capitaines d’industrie de faire la courte échelle au régime nazi, de pactiser, de l’avoir adoubé et de s’enrichir grâce à lui sous l’occupation.
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La France qui…STOP!!!
Chantez donc votre Marseillaise, vous n’empêcherez pas nos drapeaux d’être en berne, ils le sont depuis si longtemps.
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MICHEL PADOVANI
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Le 23 Juin 1774 à CORSCIA dans le NIOLU 11 corses choisis au hasard pour enrayer une révolution contre l'Etat français, seront pendus. Parmi eux un enfant de 15 ans, MARCU MARIA ALBERTINI .
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