LA BARQUE DE L'AUBE - CAMILLE COROT
Dernière aurore. Dernier crépuscule.
Ton regard est pris de vertige, il chavire au bord d’un carré de ciel inatteignable
Si près, si loin.
Dans la chambre silencieuse, la lumière décroit peu à peu. Elle trouble les certitudes, dissout les contours. Elle apaise ta peau de vieil homme fatigué et dans un même mouvement plante une lame au vif de la chair.
Dans un souffle tu confies à ton ami ces derniers mots :
« J’aperçois des choses que je n’ai jamais vues. Il me semble que je n’ai jamais su faire un ciel. Ce que j’ai devant moi est bien plus rose, plus profond, plus transparent. »
Plus rose plus profond plus transparent.
Sans bruit, les mots résonnent, poursuivent leur chemin vers l’opacité des hauts fonds.
Plus rose plus profond plus transparent
comme la vie même dans sa fugacité
comme la pointe fine de l’être
comme le sillage
laissé par la barque de l’aube
glissant sur le temps
avec sa charge d’âmes
et de mémoire.
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FRANCOISE ASCAL
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Camille Corot