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EMMILA GITANA
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10 juillet 2022

SOLASTALGIA

"   Habiter la vie ordinaire n’était pas encore faire l’expérience d’un sol qui de partout se dérobe du fait d'une dévastation de plus en plus patente de la Terre. " 

Jean- Claude PINSON

Pastoral / De la poésie   comme Ecologie  - 2020 - 

 

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Loin des souvenirs 

hors tout ressentiment

au plus près des simples choses

des antiques  métamorphoses  

sur la margelle  d'un puits 

à l'orée  de  la Nuit Obscure

Que je  dise  une dernière  foi 

Je 

 

...    perds  lentement 

ma relation  vitale aux ciels 

à la Mer 

à L'océan

à l'immanence  à l'essence

Je pressens le chaos  la faim  

la sécheresse

 malgré l'immensité  azurée

 

J'ai le mal de terre

mal aux mondes

que l'on voit  chaque jour  

passés par les armes anthro - piques 

du déréglement

du bouleversement  climatique

 

je souffre de solastalgie aigue

sans  illusion aucune 

et l'espoir m'est   un vain  mot

dépossédé de sens

de profondeur de champ

de vision

 

Je sais chaque  lendemain grevé 

de lourdes  peines 

tant  d'horizons  enténébrés

l'aube sitôt  grimée

plaquant au sol la  soif 

 la liberté de vivre  les Grands Espaces 

la pureté  où dignement

 solennellement  se ressourcer

 

Les vagues  tonnent  

en roulant  l'or  noir  des empires

des magnats

tel le bourdon des mornes plaines 

des terrils   des  corons 

 du Plat Pays

chers au grand frère 

Jacques

qui nous manque tant 

 

Du soleil Levant

de l'Empire du Milieu  

montent  la plainte

l'agonie    le râle de  la torture

des gens   des êtres   non-humains

rituellement génocidés

odieusement massacrés

 

Au couchant  le funeste écho des armes  

nous rappelle aux heures  sombres de la conquête

Le  Septentrion 

sonne le glas des saisons   des banquises 

Le Pôle  Sud  se brise  en morceaux 

Le troisième Pôle

les hauts massifs  n'assument plus leurs glaciers

 

Les  grands fleuves tarissent 

comme  source  d'estive  déviée

Les îles regardent en face  le sort des naufragés

les coraux blanchissent en mourant

les forêts primaires brûlent 

les arbres   sont abattus  

 

Je suis  je  participe  de ce convoi du vivant

sacrifié sur l'autel des vanités 

Elément d'un Tout aujourd'hui  fissuré

J'accuse la peine immense d'en ressentir les semonces

les souffrances infinies

de la tristesse

 

Que je ne me rende jamais  au diktat

aux rouages  de la servitude  de la soumission

Il ne me reste que  les mots  pour lutter  contre les maux

dévisager le traitre au vaste pacte  d'alliance 

ourdissant le complot profitable

l'artéfact  capitalisable

fleurissant les marinas  les palais

Les dieux  ripaillent à la table des  rois 

fêtent les lendemains de l'innommable Traite 

 

Ce matin   comme tous les matins

le réveil survient  sans le chant des oiseaux

L'oliveraie survit   sous les touffeurs  la canicule

le dôme  la virgule de  chaleur

Le poison  évince   l'insecte  

Le grillon  ne chante plus   le soir    dans la cheminée

la prose  de Ferrat

Ma France   les Saisons 

s'absentent de ce furieux délire

en s'exilant   en enfer

 

Que de migrations perdues

Suis-je encore de passage  

élément cosmique 

 le triste  constat  d'une mort programmée 

outrageusement  finie   matérielle  éphémère

une  hypothèse 

un désespérant anachronisme  une erreur  un renégat 

sur Terre 

manquant   et faillant  à  la voie de  l'Alliance

 

J'ai pour miroirs

la mer et l'océan

où puiser  chaque matin 

quelque pan d'éternité

de pureté

de vérité

blanc bleu ciel 

comme je viens à  eux

J'arrive

 

L'air saisit 

le vent  brûle

le soleil mord 

la terre  craque

les champs crépitent

la ramée s'étiole

L'eau  manque

l'ombre s'enfuit 

Je  vogue et vague 

seul

 

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CRISTIAN-GEORGES CAMPAGNAC

 

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solastalgie

Oeuvre Antoine de Tyssandier

https://www.instagram.com/antoinedetyssandier/?hl=fr

 

 

 

Commentaires
J
Je suis "espatouflée" tant ce texte est d'une profonde expression, je ne savais pas qui en était le "faiseur" , plus approprié que "l'auteur' (pour moi!!) et j'ai vu la signature, j'ai compris ..... Quelle haute envolée ....Quelle fibre sensible et quelle description de sentiments que nous connaissons mais ne savons pas RE TRANSCRIRE ...<br /> <br /> N'en jetez plus dirons certains, bah !! je fais fi de tout ceci , et je VALIDE ce que j'écris , c 'est comme çà ...<br /> <br /> Bravo et merci pour ce moment.
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EMMILA GITANA
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