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EMMILA GITANA
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4 août 2022

RETOUR AU FOYER

Aux artisans du premier Festival mondial
des arts nègres
Léopold Sédar SenghorAlioune Diop
.
.
.
Cinq siècles
de voyages et d’enrichissement 
de mort et de résurrection
.
Cinq siècles
pour veiller aux croisées du monde 
à toutes les gestations de l’univers.
Homme du Saint-Esprit, 
j’ai, dans tous les dialectes, prié les dieux lares des continents
sans jamais oublier d’avoir été grand prêtre
dans le temps messager de la bonne nouvelle
tisserand qui liait le ciel et la terre.
.
Chez nous, point de tombeau de marbre 
de verrou à la Vie
Je suis la nuit des promesses
C’est pourquoi j’ai gardéL’ESPOIR 
de redonner force à toutes les mains mortes
d’en faire une guirlande pour notre globe
l’arc-en-ciel de la Réconciliation.
.
Je me souviens d’avoir été
placé.
machine.
eunuque.
signet.
fou de cour.
monnaie.
d’avoir changé de couleur
avec les saisons et les modes.
.
J’ai perdu mes titres de noblesse dans l’aventure.
.
Quel parchemin brandir
lorsque j’ignore le mot de passe ?
Les sages tiennent un autre langage
afin que ne s’éteigne la Flamme
car pour fleurir les nouvelles têtes royales
tous les troupeaux sont décimés
et les peuples meurent de faim.
.
Cinq siècles
Je n’ai pas pu changer cependant
et c’est aujourd’hui l’assomption des tams-tams
le retour au foyer déserté d’hier
le repas à prendre en commun
la prière redite ensemble sous le vieux baobab
à notre dieu de plein air,
de plénitude
sans bouclier et sans vieille garde.
.
Apportez-moi donc
le kaolin et l’huile de palme de la première lune,
le poulet blanc et l’igname de la première récolte,
l’œuf de la première ponte.
Les dieux aiment les prémices,
et j’ai été grand prêtre.
Des milliers de lunes de veille,
de rêves,
de chants,
de danses
de COMBAT
.
Cinq siècles
pour crier justice
au long du chemin
dans les bourgs et les hameaux
et je ne compte plus les compagnons lapidés
tombés sur les remparts
ensevelis
avec les tatas et les voiliers
emmurés
dans toutes les bastilles.
D’aucun pays, d’aucune couleur
Flambeaux sur notre route.
Ils reviennent
les soirs
rouvrir les prisons
à tous les matins
.
Hommes
Voici venue l’heure de Vérité
la Pâque
celle où nous nous présentons tous nus
dans la splendeur de notre couleur.
Je ne me croyais plus
fils d’Adam,
descendant de Noé,
moi aussi sauvé par le Christ
.
Tant
.
J’ai longtemps souffert de la faim et du froid
de la solitude.

.
Je porte encore les stigmates de la servitude
de la mort
Je tâtonne dans la nuit blanche
dans le jour noir
Je vous reviens cependant pour la fête,
la rencontre,
le nouveau foyer
apportant à l’autel du monde,
mes chants et mes espoirs.
.
Hommes
Frères que divisent
les vallons et les cours d’eau
les berceaux et les tombes
un accent
de langue
.
Revoici le vieux pèlerin
qui depuis l’aube court le monde
pour ramasser les miettes de rires et de rêves.
.
Pour replacer l’homme
sur son socle,
lui redonner valeur
intrinsèque
essuyer
les larmes des fiancées et des mères
Replantez-moi encore
à tous les carrefours
pour conjurer le mauvais sort
.
Car JE VEUX
.
que les hommes chantent et dansent
à la lueur des toutes les étoiles.

.
.
.
.
.
BERNARD DADIE
24 août 1965
.
.
.
.
.

christian carolina,

Commentaires
M
Texte essentiel ! Nous entrerions ici et au lycée, à la faculté pour lever le voile sur tout ce que furent ces cinq siècles ...
Répondre
P
Merci pour le partage
Répondre
EMMILA GITANA
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