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EMMILA GITANA
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11 janvier 2023

LABYRINTHE

La nuit est à la monodie des vents tournants, aux grains, au foehn îlien, au  froissement  dolent des oliviers sous la voûte constellée. Comme un règne incontesté et salutaire  que la nature  dispute au  tumulte, au chaos  de la carrière infamante. Un combat inégal écorche le  sommeil que je  ne trouve pourtant pas  en cette longue veille, alors que tout prélude à l'échappée solitaire.

Appréhension, certes, mais plus encore, la peur, la crainte  de ces  étendues que je  devrais pourtant moins redouter au fil des sorties ; ne les aurais-je jamais assez cotoyées, seul, en mer, à l'acmé de la tempête et de ses  grains blancs aux denses nuages d'écume ? Au royaume du bleu, entre ciels et mers, l'habitude n'est  jamais de mise.

Le bois de pin Laricciu, les  vieilles fenêtres et les vantaux craquent. Certaines rafales de vent en imposent à la charpente. De sinistres craquements  habitent  le silence mémoriel de la bâtisse, le cheminement de ses  pierres taillées. Les hauts pins séculaires se confient au Ponant ;  dialogue de sourds. Leurs appels à la forêt primaire, à la reviviscence de la montagne et des nostalgiques  estives m'interpellent. Les combes et les fûtaies  enneigées,   sillonnées de traces et de secrètes empreintes sonnent clair,  telles de lointaines sonnailles...

Il arrive que la nuit s'alentisse, devienne  plus profonde ; vaste  labyrinthe. Les pensées s'y égarent, ne sachant  jamais comment oser  la sortie, quelques heureux échappatoires. S'abandonner aux étoiles avant que de s'y replonger, corps et âme, sans vraiment cerner la raison, le sens et  le but  qui gravitent tout autour de la solitude, d'une pratique  que je  pousse par-delà mes limites, en conscience, tel un dict-amen résolument rebelle à la norme, au cadre rigide, in fine, au confinement.

Les heures défilent, oscillent entre mise à l'eau et totale immersion. Tout signe convenu entre la terre  et moi s'avère vain. Revenir ne dépend plus de la volition ; nous déciderons ensemble.  Laisserais-je la main ! Dans cet univers aux horizons  à la fois  figés et fuyants, bossués,  l'instant qui passe sans chuter vaut gage d'un  partage incessant, rime, distyque, harmonique.  

Il est vrai  qu'en mer, porté, emmené  par mon esquif courbe, frêle et modestement  ailé, l'issue demeure aléatoire. Je trace une route  sans autre destination qu'un entre-deux vague qui isole, qui  enclot. Un sillon qui  compresse le temps entre passé et futur immédiats. Le présent vire à l' instant  éminemment bleu. Camaïeu, kaléidoscope mouvant, obstinantes  métamorphoses ; que  les ciels composent et s'harmonisent ! 

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Cris - Phikaria

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Trouver un point d'osmose, une limite symbiotique. Planer  et danser  entre le ciel dense et l'azur impalpable au royaume de l'éphémère, de l'immédiat, de la révélation, aller et vire -  volter  avec l'oiseau. Happer ensemble ces folles bolées d'embruns. S'enivrer de sels marins, accepter, le profil bas, les gifles du fort coup de vent.

Où poser le regard  si ce n'est vers le large, les rochers de la montagne dans l'azur, tout  en lisant les taros  que battent et rebattent l'onde et la lame avant de déferler, d'ennuager le grand bleu, de dissoudre l'hypothétique dessein d'un rêve, la probabilité d'un écueil que je croyais à toujours abîmé ou ailleurs, introuvable ? 

Comment commuer en mer les dénivelés cumulés  de la montagne, en pleine tempête ?  Si  ce n'est en milles marins abattus, en cavalcadant sur un perpétuel parcours de bosses, de  creux et de crètes écumantes. Ces  centaines de mètres de pentes bleues, irisées,  à double sens que je dévale dans la longue houle et  les nombreuses  vagues  qui accourent en  séries  abondantes,  qui portent  et qui soulignent les côtes acérées aux festons ouatinés  de blanches écumes.

L'avalanche, le rouleau y sont  tout aussi meurtriers lorsqu'ils  cernent les brisants, les hauts- fonds, les effleurements de l'écueil et le sec. L' élan, l'épaisseur de la masse suffisent. L'air manque, l'eau ne se respire pas. Le choc est toujours  aveugle et le roc partout ! Au fond, c'est déjà la nuit ; antichambre,  un- probable  " Eau - Delà " ! 

Autant en emporte les bourrasques de mon sommeil léger, en alerte. Je vis, vogue, décide  en anticipant ; lire et vite. Mes yeux cherchent un repère dans la nuit palpitante du labyrinthe fluide et mouvant. La pensée ne suffit plus. Comment  échapper à ce flux de détails que le grand Tout  fusionne, ordonne, accompagne ? Célestes pétales gorgés de  sucs  empyrées...

Si les points  aux rivages me parlent encore, nombre d'entre eux me font faux bons, m'échappent, disparaissent, réapparaissent autre part, inattendus, soudains, effrayants et si proches.

Labyrinthique échappée ! Un oxymore irrémiscible, irrépressible. Dans ce dédale lithique peuplé de paréidolies minérales, de sinusoïdes et  de synclinaux  métamorphiques où les légendes ont encore libre-cours, je vogue et divague.

Je me donne, autrement que de raison. En chemins, en boucles  de vents et de vagues que la Rose essaime au fil des chaudes nuées hyémales qui s'abattent, je vole. 

Mais je ne saisis plus les messages rassurants, les vibrations,  les augures  favorables de nos saisons d'antan.

Les temps changent, le temps y perd son immémorial alphabet. Le labyrinthe s'obscurcit, s'étend, gagne le large  et tant d'inconnues. Un-signe Ciel de nous trahi  ! 

Souque, marin, souque, choque, abats, prends tous les ris, mets à la cape, en fuite, file de l'huile au vent, remets -en toi  à l'a - encre flottante.

Viennent ces jours où il  te faudra demeurer à Terre. Tu regarderas  l'unique amer qui donne  enfin le vrai cap. Tu iras où le vent  mène telle une  poussière, l'infime grain de sable, un flocon, une goutte de rosée sur la mer, au petit matin des vagues  qui rosissent et bercent tant de souvenirs 

 

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____DIAMON_11

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CRISTIAN-GEORGES CAMPAGNAC

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emil nolde12

Oeuvre Emil Nolde

Commentaires
J
c est terriblement prenant
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EMMILA GITANA
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