
Andrée Chedid, née le 20 MARS 1920 au Caire (Egypte), fille d'Alice Godel (née à Damas) et de Selim Saab (né à Baabda au Liban), et morte le 6 février 2011 à Paris , est une femme de lettres et poète française d’origine libanaise.
Elle a fait ses études dans des écoles françaises, puis elle intègre l’Université américaine du Caire, où elle obtient un BA en journalisme en 1942. C'est en Egypte qu'elle rencontre son futur mari et qu'elle l'épouse.
Son œuvre est un questionnement continuel sur la condition humaine et les liens entre l’Homme et le monde. Andrée Chedid, dans toute son œuvre, célèbre la vie tant aimée, tout en ayant une vive conscience de sa précarité. Elle encourage chaque homme à accepter l’altérité. Son style, très travaillé se caractérise par sa fluidité. Elle évoque l’Orient avec une grande sensualité pour mettre en avant ses parfums. Elle s’attache aussi à décrire la guerre au Liban.

Sachant qu’elle nous sera ôtée,Je m’émerveille de croire en notre saison,Et que nos cœurs à chaque foisRefusent l’ultime naufrage.Que demain puisse compter,Quand tout est abandon ;Que nous soyons ensembleÉgarés et lucides,Ardents et quotidiens,Et que l’amour demeure après le discrédit.
Je m’émerveille du rêve qui sonde l’avenir,Des soifs que rien ne désaltère.Que nous soyons chasseurs et gibiers à la fois,Gladiateurs d’infini et captifs d’un mirage.
Les dés étant formels et la mort souveraine,Je m’émerveille de...
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Ce n’est pas en une fois
Que je saurai ton visage
Ce n’est pas en sept fois
Ni en cent ni en mille
Ce ne sont pas tes erreurs
Ce ne sont pas tes triomphes
Ce ne sont pas tes années
Tes entailles ou ta joie
Ni en ce corps à corps
Que je saurai ton corps
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Ce ne sont pas nos rencontres
Même pas nos désaveux
Qui élucident ton être
Plus vaste que ses miroirs
C’est tout cela ensemble
C’est tout cela mêlé
C’est tout ce qui m’échappe
C’est tout ce qui te fuit
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Tout ce qui te délivre
Du poids des origines
Des...
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Avec sang et crisTu rejoins ce mondeTu t'enfonces dans le jourArraché au silenceà l'eau sans épineaux plages assourdiesà la forge sans feuau cercle humide et pourpreNavigateur à vif encordé dans ses fibresBanni du pays en suspensExclu de l'intime clartéLoin des lagunes sans désirDes rumeurs sans fièvresPar effractionet dans les meurtrissuresTu brises l'enclosTu fends la gangueTu immigres et t'enclaves dans la brève vallée où foisonne l'événementDéjà saisi par le lieuDéjà rejoint par le tempsSoumis déjàau rapt des vivantsEntre une...
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"Je cherche le lieu fidèle, la trame,
Le secret des secrets à senteur d'océan,
Le latin insensé où les ruisseaux foisonnent
La lueur rebelle et la fleur du temps..."
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ANDREE CHEDID
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Oeuvre Cédric Sorel

Mon autre
Mon semblable
En cette chair
Qui nous compose
En ce cœur
Qui se démène
En ce sang
Qui cavalcade
En ce complot
Du temps
En cette mort
Qui nous guette
En cette fraternité
De nos fugaces vies
Mon semblable
Mon autre
Là où tu es
Je suis.
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ANDREE CHEDID
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Photographie ?

En ces aubes où fermente la nuit
De quel élan
gravir?
De quel œil contempler
villes visages siècles douleurs espérance?
De quelles mains creuser un sol toujours fécond?
De quelle tendresse chérir vie et terreAbolir la distanceCicatriser l'entaille?
A quelle lumière découvrir la beauté des chosesObstinément intacte sous le squame des malheurs?
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ANDREE CHEDID
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Oeuvre Emeli Theander

J’ai ancré l’espéranceAux racines de la vie
Face aux ténèbresJ’ai dressé des clartésPlanté des flambeauxA la lisière des nuits
Des clartés qui persistentDes flambeaux qui se glissentEntre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissentDes flambeaux qui se dressentSans jamais dépérir
J’enracine l’espéranceDans le terreau du cœurJ’adopte toute l’espéranceEn son esprit frondeur.
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ANDREE CHEDID
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Oeuvre Goxwa Borg

Où la mer lentement progresse,là-bas, reposent les îles. Sur l'eau accablé de ténèbres,l'homme recueillait les promessesd'un soleil bientôt absent.De ce temps-là, le vent des démesures se laissait boire,les colonnes du silence veillaient.
Au loin, la mer délaisse son noueux combat ;Embrasse l'île envoilée. Se confie, éprise.
Là-bas,la terre ne parle pas pour rien.
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ANDREE CHEDID
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Pour un coin d’eau de traces et d’herbe verteOù l’oeil serait nu le cœur de roséeLes mains feuilles ouvertesJe vaisAile au soleilMarchant pour l’étoileSon odeur de résine et de rêve d’enfantC’est la route des fables la route des genêtsQue bordent les noirs sourires d’enracinésVoici l’île la fleur la découverteVoici l’oiseau chanteurVoici les lendemainsLes mensonges aux yeux de mouettes.
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ANDREE CHEDID
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Il y a des matins en ruineOù les mots trébuchentOù les clefs se dérobentOù le chagrin voudrait s’afficherDes joursOù l’on se suspendraitAu cou du premier passantPour le pain d’une parolePour le son d’un baiserDes soirsOù le cœur s’ensableOù l’espoir se verrouilleFace aux barrières d’un regardDes nuitsOù le rêve buteContre les murailles de l’ombreDes heuresOù les terrassesSont toutesHors de portée.
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ANDREE CHEDID in « Par-delà les mots ».
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Photographie Katia Chausheva