mercredi 1 août 2018

RAYUELA...Extrait

Je touche tes lèvres, je touche d’un doigt le bord de tes lèvres, je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main, comme si elle s’entrouvrait pour la première fois, et il me suffit de fermer les yeux pour tout défaire et tout recommencer, je fais naître chaque fois la bouche que je désire, la bouche que ma main choisit et qu’elle dessine sur ton visage, une bouche choisie entre toutes, choisie par moi avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui, par un hasard que je ne cherche pas à... [Lire la suite]

dimanche 6 août 2017

PARLEZ, VOUS AVEZ TROIS MINUTES / HABLEN, TIENEN TRES MINUTOS

M’en revenant de promenade où j’ai cueilli une petite fleur pour te tenir entre mes doigts l’espace d’un instant et bu une bouteille de beaujolais pour descendre dans le puits où dansait un ours-lune, dans la pénombre blonde de la lampe j’accroche ma peau et je sais que je serai tout seul dans la ville la plus peuplée du monde. Pardonne-moi l’hystérie de cet inventaire, entre rat qui se débine et plaintive morphine, mais il fait froid, la pluie tombe sur ma tasse de café, et sur chaque demi-lune l’humidité lustre ses pattelettes... [Lire la suite]
dimanche 7 février 2016

RAZONES DE LA COLERA...Extracto

Esa tierra sobre los ojos este paño pegajoso, negro de estrellas impasibles, esta noche continua, esta distancia. Te quiero, país tirado más abajo del mar, pez panza arriba pobre sombra de país, lleno de vientos, de monumentos y espamentos, de orgullo sin objeto, sujeto para asaltos, escupido curdela inofensivo puteando y sacudiendo banderitas, repartiendo escarapelas en la lluvia, salpicando de babas y estupor canchas de fútbol y ringsides. Pobres negros. Te estás quemando a fuego lento, y dónde el fuego, donde el que come los asados... [Lire la suite]
samedi 15 août 2015

L'INTERROGATEUR / EL INTERROGADOR

Je ne questionne pas sur les gloires ni les neiges,je veux savoir où se retrouvent les hirondelles mortes,où vont les boîtes d’allumettes usées.Aussi grand que soit le mondeil y a les ongles à couper, les effiloches,les enveloppes fatiguées, les cils qui tombent.Où vont les brumes, le dépôt du café,les almanachs d’un autre temps ?Je questionne sur le vide qui nous anime ;je présume que dans ces cimetièresla peur pousse peu à peuet que c’est là où couve le *Rokh..No pregunto por las glorias ni las nieves,quiero saber dónde se van... [Lire la suite]
vendredi 19 décembre 2014

CRONOPES ET FAMEUX...Extrait

Je touche tes lèvres, je touche d’un doigt le bord de tes lèvres, je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main, comme si elle s’entrouvrait pour la première fois, et il me suffit de fermer les yeux pour tout défaire et tout recommencer, je fais naître chaque fois la bouche que je désire, la bouche que ma main choisit et qu’elle dessine sur ton visage, une bouche choisie entre toutes, choisie par moi avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui, par un hasard que je ne cherche pas à... [Lire la suite]
lundi 23 juin 2014

CREPUSCULE D'AUTOMNE ...Extrait

"Écoute, je ne demande pas grand-chose,seulement ta main, la tenircomme une rainette qui dort contente ainsi.J'ai besoin de cette porte que tu m'offraispour entrer dans ton monde, ce petit boutde sucre vert, joyeux de sa rondeur.Me prêtes-tu ta main cette nuitde fin d'année et de chouettes enrouées ?Tu ne le peux pas pour des raisons techniques. Alorsje la tisse avec l'air, ourdissant chaque doigt,la pêche soyeuse de la paumeet le verso, ce pays d'arbres bleus.Je la prends ainsi et je la soutiens, commesi de cela dépendaientbeaucoup... [Lire la suite]

dimanche 1 juin 2014

JULIO CORTAZAR

Pas de larmes si les plantes poussent sur ton balcon, pas de tristesse si de nouveau la course blonde des nuages t’est donnée pour preuve de l’immobilité, de cette permanence parmi tout ce qui fuit. Car le nuage sera ici, constant dans son inconstance, quand toi, quand moi – mais à quoi bon nommer la poussière et la cendre. Oui, nous nous abusions, croyant que passer dans le jour relevait de l’éphémère, l’eau qui glisse sur les feuilles jusqu’à se perdre dans le sol. N’a de durée que l’éphémère, cette plante idiote que ne connaît pas... [Lire la suite]
mardi 25 février 2014

CRONOPES ET FAMEUX...Extrait

D'une lettre jetée sur la table s'échappe une ligne qui court sur la veine d'une planche et descend le long d'un pied. Si l'on regarde attentivement on s'aperçoit qu'à terre la ligne suit les lames du parquet, remonte le long du mur, entre dans une gravure de Boucher, dessine l'épaule d'une femme allongée sur un divan et enfin s'échappe de la pièce par le toit pour redescendre dans la rue par le câble du paratonnerre. Là, il est difficile de la suivre à cause du trafic mais si l'on s'en donne la peine, on la verra remonter sur la roue... [Lire la suite]
mercredi 27 mars 2013

CREPUSCULE D'AUTOMNE

Sa salopette bleue lui serre la ceinture, lui morcèle le corps en fesses et en seins, la mue en petit homme et lui donne les pleins pouvoirs d’une délicate architecture. Parmi la brise va la chevelure obscure, tout entière elle est fruit, tout entière venin ; de ses cuisses ramant – de genre mal certain –, elle invente une éphémère pisciculture. Amazone à la salopette bleutée, l’art la fige dans ce parallèle rituel, mouvant sillage à l’abri des migrations ; vieux poète, vois-la te jeter ses regards de ses yeux piquetant... [Lire la suite]
vendredi 14 septembre 2012

JULIO CORTAZAR

Pense à ceci: quand ils t'offrent une montre, ils te font cadeau d'un petit enfer fleuri, d'une chaîne de roses ; d'un cachot d'air libre.   Ils ne te donnent pas seulement la montre, en te souhaitant un heureux anniversaire et en espérant qu'elle durera longtemps puisqu'elle est de bon aloi, suisse avec des ancres de rubis.   Ils ne te donnent pas seulement ce petit pic-pierre qui s'attache au poignet et marche avec toi. Ils te donnent - sans le savoir et c'est ce qui est terrible - ils te donnent un nouveau morceau... [Lire la suite]