Dans ce fleuve, là-bas,
de cette eau âcre de souvenirs
où les nuits de mon enfance
plongent l’une après l’autre
pour finir dans la clarté des saisons,
il ne me reste que l’argile rouge
et sa lune
accostée au cimetière des jours.
Dans cette ruelle, là-bas,
un Dieu,
une voûte, une prière ?
Et pour la mère qui gémit dans un miroir,
où est le miroir ?
Au bout de ces quelques ficelles accrochées au soleil
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à Isabelle Je voudrais offrir à tes yeux des rivières des roses absolues des années labourées sans récolte de cendres Je voudrais remonter notre destin de l’abîme préserver la mémoire de l’euphorie loin des rêves pris entre les plis du silence d’exilés morts à force de regret Tu vois que les caprices de notre automne ne mènent à rien Les saisons n’ont pas laissé de traces et la rivière étirée en cortège d’ombres blanches parle de blessures comme de cendres après la pluie Ce sont de vieux jours incendiés de haines qui nous ont permis... [Lire la suite]
Aux victimes du tyran en Syrie Un coucher de soleil froid sur le seuil d’un jour vibrant le ciel ensanglanté comme un nuage épais qui s’effrite à l’infini et la crainte de mon propre destin Devenir un arbre ma tête à la renverse et l’horizon des hommes là-bas La lumière dans mon crâne comme un souffle accent sur mon visage Je me suis enfin échappé et le rien ballotte au bord de mon matin morceau de lune Dans ma cellule étroite chaque nuit l’Euphrate me rend visite Il y glisse délibérément un écho de l’enfance Sa voix... [Lire la suite]
à Albert Camus
Écrire avec le souffle de la patrie
avec l’argile du palmier libéré
avec les racines de tes pas dans les charniers des pauvres
Écrire sur le vent
qui donne naissance aux hommes noyés
Écrire sur les épaules du fleuve
et aussi sur le voyage de nulle part
à l’instant qui limite le jour
Écrire comme le prisonnier du miroir
Écrire pour calmer l’univers dans la tête du mendiant
pour extraire la sève des souvenirs
pour le vol des migrateurs sans escale
Écrire... [Lire la suite]
Si jamais un de ces matinston âme est traversée par une aube tristene crains rienTu étireras tes pas lentscomme la plainte de l'enfance
C'est toujours le tourment de l'ombre du palmierqui pousse dans l'argile rouge de l'EuphrateIl donne aux troupeaux d'hommesun mal de vivrequi accroît leur attente
Ici les hommes n'ont plus le souvenir du parfum de la lavandeni celui de la cire enracinée dans la flamme
Alors extirpe la prison de ta têteécorche ton corps à partir du miroirparfume ton regardet de la frange de lumière qui resteembrase... [Lire la suite]
"Je ne sais comment exhumer mon cartable d'écoleégaré dans les ruines de la guerreen route vers les saisons du bonheur
Ici, les matins s'ouvrentsur des jours nus, sans miraclesalors que là-bas chaque miroir est un visage
Ici il faut se lever tôtlà-bas la mort guette les hommes
Ici les matins sont couverts de battements d'oiseauxlà-bas, d'éclatements de corps
Où est l'homme qui sait sourireet celui qui garde le fruit de la terre? "
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SALAH HAMDANI
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