dimanche 19 janvier 2020

FABIENNE VERDIER...Extrait

Savez vous qu’il m’arrive parfois de vivre dans un état secondoù je ne perçois plus de différence entre le moile genévrier sauvagele petit caillou ballotté par les maréesle scarabée rhinocérosou la feuille de choux rongée par les chenilles…Pourquoi vouloir toujours nommer l’innommable,l’éphémère je le suisincandescente de nature.Où se situer si ce n’estau cœur de l’ouraganau bord d’une faille rocheuseà la lisière du vide et de la matièrepercevant furtivementdans le miroir de ma pierre à encrede multiples métamorphoses ?Je ne suis rien... [Lire la suite]
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mardi 4 septembre 2018

CHEMINS AU VENT

L’homme aurait inventé les chemins pour rien, nous voulons dire pour le seul office de la beauté – et en gratitude à la splendeur du monde. On nous fait l’éloge de l’Être, on célèbre sa grandeur mystérieuse et on nous invite à devenir ses dévôts. En fait, quelle déroutante opacité, quelle massivité inentamable dans cette notion de l’Être ! Par bonheur les chemins viennent dessiner le visage de ce qui n’était pas encore le monde. Nous lisons le monde à travers ses chemins, tout comme nous découvrons un visage à travers quelques traits... [Lire la suite]
mardi 28 août 2018

LES PLUMES D'EROS...Incipit

Désormais, l’état lumineux a changé d’orientation : il est à présent isolé et n’ouvre que sur lui-même. Si j’essaie d’en préciser la nature, je n’aperçois que sa ressemblance avec l’espace qu’autour de moi ouvre le regard. Non, ce dernier est substantiellement le même que l’état ancien mais il n’est pas environné du même lieu. L’ancien est dans mon corps : c’est une poche lumineuse qui se dilate, qui envahit tout mon volume intérieur, et qui l’illumine en abolissant toute frontière entre dehors et dedans. Le bonheur est dans cette... [Lire la suite]
samedi 18 août 2018

POETIQUE DE L'ESPACE...Extrait

Enfermé dans l'être, il faudra toujours en sortir. À peine sorti de l'être, il faudra toujours y rentrer. Ainsi dans l'être, tout est circuit, tout est détour, retour, discours. ... Ainsi, l'être spiralé, qui se désigne extérieurement comme un centre bien investi jamais n'atteindra son centre. L'être de l'homme est un être defixé.     .     GASTON BACHELARD     .   Oeuvre Igor Bitman
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mercredi 14 mars 2018

ESQUISSE POUR LA VIVANTE...Extrait

Sur ce rebord du monde qui nous rendra tous étrangers,je suisun corps deboutqui tient le paysage.   .     DOMINIQUE SORRENTE   . Oeuvre Odilon Redon
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jeudi 15 février 2018

GEOLOGIE...Extrait

Parfois je me réveille avec un goût d’écorceen bouche, un goût qui vient de la montée des sèves.Peut-être ai-je connu un grand bonheur là-hautet dormi dans la cérémonie des branchagesquand se faisait l’accouplement des eaux du cielaprès l’hiver velu dans le tronc paternel.Peut-être dans l’enfance ou sa vaine poursuitepeut-être en ce délaissement de la lumièreai-je entendu cela qui me dit à voix basse :n’espère plus. Tiens-toi ferme dans le silence.Alors de rien, ainsi qu’un saut de truite à l’aubeje bondirai dans l’espérance, un bel... [Lire la suite]
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mercredi 9 août 2017

LES PETITES TERRES...Extrait

Il y aura ce que nous avons été pour les autres, des bribes, des fragments de nous que parfois ils crurent entrevoir. Il y aura ces rêves de nous qu’ils nourrirent, et nous n’étions jamais les mêmes, nous étions chaque fois ces inconnus magnifiques qu’ils inventaient, ces idées de nous telles des ombres fragiles dans de vieux miroirs oubliés au fond des chambres, et qui ajoutées à nos propres rêves, nos propres et inlassables tentatives de nous-mêmes, composeront durant quelques années encore de la vie sur cette terre, cette étrange... [Lire la suite]
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lundi 17 octobre 2016

L'EAU DE LA SOURCE

C’est l’automne. Le vent s’empale aux crocs des arbres laissant tomber leurs feuilles comme on enterre un os. La terre les dévore pour réchauffer sa chair. Déjà, les oiseaux ont crevé les yeux des tournesols et des épis de maïs. Les fruits gèlent sur les branches avant le vin d’hiver. Les épinettes gonflent leurs gobelets de résine. Les insectes frileux rejoignent l’invisible. Les criquets sèchent dans les plinthes et retournent au silence. La pluie d’octobre éveille les enfants de poussière. Je me perds partout mais ne retrouve que... [Lire la suite]
jeudi 22 septembre 2016

LA FEMME AVEC QUI JE SUIS EN AMOUR

Le crève-cœur faibli, sans doute serait-il possible d’adresser un début de motet à un être de lumière ; encore faudrait-il que me vînt quelque figure ou sa feinte, signe quelconque avant-coureur ouvrant leur envol aux vocables, les laissant s’affranchir de l’horizon fielleux. Prémices : aux entrailles, une fougue métissée d’euphorie, un réveil de visées sans dessein pour l’instant, de silencieuses effigies augurant un futur incertain. Mais l’orpailleur du temps n’écrit-il pas : « L’étreinte poétique comme l’étreinte de... [Lire la suite]
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jeudi 11 août 2016

LE MENEUR DE LUNE...Extrait

Ma faute serait de croire que ce que je possède m'appartient. Tout ce que je suis m'est donné dans un miroir et est bel et bien tel que je le vois, mais, seul réel, me force à ne toucher de lui qu'une image. C'est que la mort est en moi. Qu'elle m'emporte si je n'accepte pas de l'épouser. Quand je touche un objet, elle abrite mes regards de la main pour me permettre de le voir.   L'être est indivisible. A prétendre qu'un être est, on lui donne pour contenu tout ce dont on conçoit l'existence. Mais comment dire cela de... [Lire la suite]
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