
La vie s’est réfugiée dans ma gorge et ma langue, toute une vie d’éponge à boire la lumière, à cracher les pépins, à traverser les ombres. Parmi les lettres éparpillées sur la table, les cahiers, les papiers, se promènent les phrases. Elles trébuchent parfois sur une miette de pain ou bien se noient dans une tache de vin. Elles s’effacent et renaissent. J’en cache quelques-unes dans mes poches d’enfant. J’en fais une cabane où rêvent les vieux meubles, là où les planches aspirent à retrouver la terre, les racines, les feuilles. Je vis...
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