mercredi 24 février 2021

FRANCOIS LAUR...Extrait

Si m'était consenti le pouvoir de ne pas diffamer l'averse, ni le martèlement du grain au vasistas, de ne pas enlaidir tes larmes lavandières dans une chapelle ardente, fenêtre ouverte, bruits venant par à-coups ; de ne pas flétrir la fleur d'aurore ou les chatons de tamaris, ni ta rose lèvres décloses ; de m'asseoir, faire silence et dire juste les odeurs de la forêt : celles des plantes et des mousses, des arbres et des lichens, des champignons et de l'humus ; le parfum de ton nid moussu ; de ne pas ternir l'essor de... [Lire la suite]
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mercredi 24 février 2021

FRANCOIS LAUR...EXTRAITS

Si j'écris, c'est pour entendre et t'obéir, toi l'hôtesse de mes saisons ; pour te dire, comme oiseau, avec toutes les voyelles. Pour écouter en ton idiome tes mots leurs modulations intonations vibratos. Je persiste dans ma vénerie : un ricochet de résonances, avec, pour horizon, vagues et scintillements. Si tu me prêtais tes mots, mes doigts courant sur le clavier déferleraient bien mieux qu'un suaire entre nous. Je compose dans cette ombre qui, parfois, éteint ton sourire ; rédige, noir sur blanc, tes clairs-obscurs dans un... [Lire la suite]
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mercredi 24 février 2021

AVEC TOUS LES MOTS D’AUTREFOIS

Ficher dans le maquis des alarmes confuses nombre de tuteurs agencés comme pour arrimer les frissonnants halliers de la mémoire. Parfois, s’y jette une volée de mots tels étourneaux s’abattant sur les vignes ou dix cors bellement l’un contre l’autre en rut. Serait-ce convoitise, quémandage charnel des vocables ? La théâtrale sauterie, la comédie au paradis ? Entre sol et nues, nombreux les sigles et les sceaux que les filets retiennent ! Lambeaux abîmés de roseau « Livre pour Sortir au Jour », feuilles froissées de latanier,... [Lire la suite]
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lundi 8 avril 2019

LETTERA AMOROSA

Il y a eu cette trouée d’ombre, ses balcons en encorbellement. Ce n’est d’abord qu’un petit air de plainte, mais qui revient, vague sans cesse, et feu. Voix qui naît des chairs mêmes et se transforme au fond, modulations qui vrillent au plus intime. Une blessure ou un frisson si prêts à recueillir le battement d’un sang qui se propage et se partage ! Un temps, tout l’art d’aimer. C’était bien toi, toi dont le chant éveille à profusion des songes, comme d’autres, passant à travers l’éteule, lèvent un vol de perdrix rouges.... [Lire la suite]
vendredi 7 septembre 2018

MARGES

Toi qui vas ton chemin, t’arrêterais-tu entre des vignes à l’abandon si, droit devant, tu entrevoyais dans la tombée du jour, parmi l’intense éclat de petits cyclamens, une oreille pointue dressée, dodinant sur le bas-côté de la route ? Croirais-tu qu’un animal à museau fin est là, reins peut-être brisés, écrabouillé à demi, implorant ton secours ? Admettons que tu prennes le temps, souhaites vivre et le permettre aux autres, que tu sortes de la voiture tout en pestant contre cette imbécile de bestiole et que tu t’aperçoives qu’il ne... [Lire la suite]
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vendredi 24 février 2017

GENÈSE DE MES MAINS

Je voudrais t’offrir un collier d’escarboucles : quelques gouttes d’aiguail sur un fil de la vierge ; une rose trémière au jardin des douceurs ; des glèbes déchaumées sans foison de poussière. Je voudrais extirper notre ciel du néant, sauver de désaveu le fruit ouvert violine dans l’ombre du figuier – brève beauté, à jamais décisive – en dehors des mirements pudibonds et tartuffes. Tu sais d’un goût très sûr que, floraison tardive, la reinette d’Amboulne est succulente variété de garde ; pomme monde, haut parfum sur claie de bois.... [Lire la suite]
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jeudi 6 octobre 2016

EFFLEUREE PAR L'OISEAU DE L'INSTANT

« devant vous je me dénude/doigt/par doigt/ongle par ongle/peau »Maram al-Masri .J’ai connu la beauté jusqu’au saisissement, tenté de dire l’affleurement des choses, leurs muettes émergences, sans savoir où allait le vent. Quelle vérité de la chose nue ? L’émotion exige de trouver séjour, d’avoir lieu. Les mots, bien sûr, affluent, mais écrêtés, affadis ou prescrits. Il faudrait laisser advenir leur déflagration par l’orifice jusqu’aux lèvres, lave pure, sécrétion rouge ardent avec glaise et lichens, marais spumeux où fermentent les... [Lire la suite]
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lundi 26 septembre 2016

À TOI QUI SAIS TENIR PAROLE

Toi, femme aux mains de poignante douceur, lèvres offertes comme fardées au pinceau rouge du vin des noces de Cana, je salue en ta chair la naissance du monde, toutes saveurs du sel, ton parfum de fourrure, l'appel sourd de la terre, sa promesse de source, son octroi de froment.Toi, femme qui inventes la prosodie de mes paroles, toi par qui mes songes prennent corps ; tu as flétri mes cauchemars dans tes flancs de longue houle.Avant toi, rien, jamais, ne m'avait suggéré que le poème est la pâture pour faire éloge ou récuser ; que sa... [Lire la suite]
jeudi 22 septembre 2016

LA FEMME AVEC QUI JE SUIS EN AMOUR

Le crève-cœur faibli, sans doute serait-il possible d’adresser un début de motet à un être de lumière ; encore faudrait-il que me vînt quelque figure ou sa feinte, signe quelconque avant-coureur ouvrant leur envol aux vocables, les laissant s’affranchir de l’horizon fielleux. Prémices : aux entrailles, une fougue métissée d’euphorie, un réveil de visées sans dessein pour l’instant, de silencieuses effigies augurant un futur incertain. Mais l’orpailleur du temps n’écrit-il pas : « L’étreinte poétique comme l’étreinte de... [Lire la suite]
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mercredi 21 septembre 2016

QUELQUE CHOSE COMME LA CLÉ DE L'AMOUR

Dès que la lumière a lavé la nuit, farigoules, romarins et lavandes en bordure d'allée se dédient aux insectes. Recommence avec eux, et les merles peu avant, la rumeur de vivre. Au retour du soleil, finis, le torrent panique, la tétanie du refus. Respirer ne consterne plus.Sur le banc du jardin, nous trouvons réconfort, enlacés dans la fraîcheur de l'aube. Une mésange, bec alerte, s'abreuve de rosée dans la corolle d'un iris. Nous partageons cette faveur, dont les mailles ombre-lumière tamisent nos ressouvenirs.Puis les reliefs se... [Lire la suite]