Il n'y a pas longtemps
À celui qui disait
Le poète est là pour changer le monde
Je répondais que la poésie
Est une lame
À couper le pain des jours de l'homme
Et qu'il n'en faut point faire une épée
Et je trouvais que mon image n'était pas mauvaise
J'avais tort. Énormément tort.
Et je le dirai si fort
Que pour trancher le pain des jours qui viennent
Je forgerai lame nouvelle
Plus coupante que belle
Plus vive que sonore
De quelques... [Lire la suite]
J'ai fait un bouquet du monde
II y avait des forêts vertes
Deux ciels bleus pour le vol d'un oiseau blanc
Une grande brassée
D'eau de mer
Un désert jaune
Un soir d'été sur la place du marché
Un trèfle à quatre feuilles
Deux colonnes ioniennes
Brisées
J'ai attaché tout cela
Avec un bout d'horizon
Et j'ai offert à ma vie
Le bouquet du monde
Elle a souri
Elle est partie
Tout est fané
Et je m'ennuie
Moi qui pour elle
Avais cueilli
Le Monde
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GILLES VIGNEAULT
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Oeuvre Damian... [Lire la suite]
Nos chemises pliées tout en haut de l'armoire, qui attendaient parfois des jours et des semaines. Et nos mains se hâtaient vers les odeurs de propre qu'elles avaient gardées de leur passé de voile... dans le vent du suroît qui secouait la corde tendue de la maison à la bâtisse à bois...J'y songe quand j'écris. Quand je plie mon poème. Et que je viens l'étendre sous le vent de vos yeux.
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.GILLES VIGNEAULT
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.Œuvre Désiré François Laugée
Le travail de ne point mourirÀ perte de vue et de peineOccupe l'heure et la semaineEt retient le coeur de courir
L'horizon s'essaie et s'effaceAu beau milieu de ce non-lieuOù voyage silencieuxLe Temps qui passe pour l'Espace
J'entends tous les bruits qui se turentEt des chevaux et des voituresEt les pas de cent mille hivers
Vêtu de gris dur comme ferJe mesure m'use et me dureJe fus jadis un arbre vert
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GILLES VIGNEAULT
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Je prendrai dans ma main gaucheUne poignée de merEt dans ma main droiteUne poignée de terre,Puis je joindrai mes deux mainsComme pour une prièreEt de cette poignée de boueJe lancerai dans le cielUne planète nouvelleVêtue de quatre saisonsEt pourvue de gravitéPour retenir la maisonQue j'y rêve d'habiter.Une ville. Un réverbère.Un lac. Un poisson rouge.Un arbre et à peineUn oiseau.Car une telle planèteNe tournera que le tempsDe donner à l'UniversLa pesanteur d'un instant.
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GILLES VIGNEAULT
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