vendredi 4 novembre 2016

PROPHETIE

Moi démineur des vents Homme des mille chemins de l’homme Et des mille carrefours Je joue à vivre sur la marelle d’une île Mon sang éteint la nuit qui se rebelle En une seule violence d’abeilles descellées J’écorche patiemment la nuit Rêve à rêve Et  je recommence avec toi la naissance du monde J’aurais payé comptant l’oiseau levé dans L’aiguille du jour Et qui brode tes yeux d’araignée fabuleuse Moi démineur des vents J’ai pris racine dans la flambée des lèvres J’ai jeté l’ancre J’ai pavoisé la route de soleils... [Lire la suite]

dimanche 30 octobre 2016

L'EPURE D'UN SOUPIR

 Il est le vent légerLa genèseL’averseQui parade en riantSous le sceptre des cieuxAlignant le soleilAux folles espérancesDes servitudes bleues Il est l’instant de chairLe verbe retrouvéLa satiétéLa joieLa grangele grenier La persienne attentiveAu matin redonnéQue l’on ensile en soiComme un éclat d’enfance Il est la barque viveLe pontonLa lumièreL’écluse libéréeQui retourne à la merSiphonnant les sillonsDe la désespérance Il est le temps trembléQui charpente la lampeL’oreiller dissidentLe chahutLe veilleurIl... [Lire la suite]
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dimanche 16 octobre 2016

LA MISE AU MONDE....Extrait

Elle a un fruit d’Andalousie de grains sombres de sang chaque caillot de martyr est dans sa pulpe entre nos dents chaque vengeance dans le plomb mûr pour l’éclatement Ô chant profond ! Et nous ne savions pas en cet été s’il y a trente étés quand la première fois ton cri nous révélait : se pouvait-il qu’un jour fut déchirée cette étoffe de source de soie et de joie qui découvrait le monde avec le jeune corps ? Trente années trente années et nous ne savions pas qu’il déchirait déjà Lorca et Guernica Grimau pêle-mêle os pierres de nos... [Lire la suite]
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mercredi 12 octobre 2016

ELLE LANCAIT SA VIEILLE VAISSELLE

Elle lançait sa vieille vaisselle à la lune qui répare les assiettes ébréchées ravaude le linge des noces et classe par ordre de tristesse les photos jaunies par le regard de la lampe Tout l’univers se partageait les taches ménagères de ma mère les vents adverses soufflaient dans les tiroirs négociaient dans ses volets et balayaient vers la ville les miettes de rêves qu’elle grignotait dans son sommeil Mère si négligente sur ta corde de linge séchaient les nuages au blanc douteux qui suscitaient le sarcasme des rossignols et... [Lire la suite]
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jeudi 8 septembre 2016

LE PREMIER ARBRE

C'était lors de mon premier arbre,J'avais beau le sentir en moiIl me surprit par tant de branches,Il était arbre mille fois.Moi qui suis tout ce que je formeJe ne me savais pas feuillu,Voilà que je donnais de l'ombreEt j'avais des oiseaux dessus.Je cachais ma sève divineDans ce fût qui montant au cielMais j'étais pris par la racineComme à un piège naturel.C'était lors de mon premier arbre,L'homme s'assit sous le feuillageSi tendre d'être si nouveau.Etait-ce un chêne ou bien un ormeC'est loin et je ne sais pas tropMais je sais bien... [Lire la suite]
mercredi 13 juillet 2016

JOEL GRENIER

Ce devait être écrit quelque part, sur une table des lois oubliée. En langue étrangère, en message codé.Sur une page blanche qui fuyait sa marge ou sur une plus noire qui ne demandait qu'à ouvrir un tout autre chapitre jusqu’à la conclusion.Ce n'est pas un roman, plutôt une nouvelle. Un livre cent fois lu qui toujours recommence et la plume posée sur le bord des bougeoirs ne trace après tout qu'une ligne au destin.Aux rayons de la lune, le ciel s'allume de verbes jamais conjugués au plus-que-futur parfait.Et si je ne sais pas lire, je... [Lire la suite]

jeudi 23 juin 2016

EL ROMANCERO GITANO...Extrait

Passés les mûres sauvages, Les épines et les joncs, Elle a défait ses cheveux, Aplani pour nous la rive. J’ai enlevé ma cravate. Elle a enlevé sa robe. Moi, ceinture et revolver, Elle, ses quatre corsages. Odorant nard, coquillages, Rien ne se peut voir si fin. Ni le miroir sous la lune N’éblouit de cet éclat. Ses cuisses, qui m’échappaient Comme des poissons surpris, C’était le feu tout entier, Et aussi la fraîcheur même. Cette nuit-là, j’ai couru Dans le meilleur des chemins, Montant pouliche de nacre, Sans étriers et sans brides.... [Lire la suite]
lundi 20 juin 2016

J'AI APPRIVOISE UNE MAISON

J'ai apprivoisé une maison à flanc de colline. C'est une petite maison sans prétention, pas très belle, pas vraiment sauvage non plus mais elle avait sa fierté. Je n'étais rien pour elle. La première fois où je suis venue, j'ai pensé que c'était un lieu où je pourrais me sentir bien. Une hypothèse de départ en somme. Il me fallait un toit et cette maison vide, avec son petit jardin brouillon et sa cour en terre, ressemblait à ce que je cherchais. Une maison ne peut rien dire bien sûr. Elle est choisie et il est fort probable qu'en... [Lire la suite]
mercredi 8 juin 2016

SOHRÂB SEPEHRI...Extrait

Moi dans cette obscuritéJe songe à un agneau lumineuxQui viendrait paître l'herbe de ma fatigue.Moi dans cette obscuritéJe vois le prolongement humide de mes brasSous la pluieQui mouilla les premières oraisons de l'homme.Moi dans cette obscuritéJ'ai ouvert la porte aux prairies antiques,Aux ors que nous contemplâmes sur le mur des mythes.Moi dans cette obscuritéJ'ai vu les racinesEt au tout jeune buisson de la mort, j'ai expliqué l'eau.   . SOHRÂB SEPEHRI . Couvent St François , Nonza, Cap Corse
dimanche 5 juin 2016

LA MAIN PAYSAGE

La main paysage, paume de sables et de brumes Les blancs coteaux de solitude Une femme endormie au soleil du silence Une verdeur exquise enfantée dans l’ivresse Au rivage de la colline, une mouette, immobile Veille les blés, gourmands de rondeur clair de lune La danse parfumée du chèvrefeuille courbe le vent Les corolles enflammées au crépuscule exultent Un oeil ouvert au creux des pierres grises Pupille d’ocre Noir Les vertiges du matin, conteurs de promesses Un carnaval de nuages déguisés en pluies Derrière un mur, les... [Lire la suite]