Le linge abandonné sur le piano boude dans ses plis.La partition boit son odeur fraîche d’eau et de savon.Les notes, soudain réveillées, s’envolent,se posent sur le fil tendu au jardin et donnentune leçon de musique aux fourmis.
Dans ce tohu-bohu, le chat soupire, la mère console,et le temps, inconscient, fuit comme un fouemportant dans sa hâte un pétale de rose.
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LUCIE PETIT
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Viens ici, faisons une poésie
qui n’ait senteur de rien
et cependant tout dise,
et soit ruisseau de sons
grêles
qui dans les sables se perd et meurt
quand son murmure s’amenuise ;
faisons une sonatine pour piano
à la Maurice Ravel,
petite musique incohérente
mais sans complications,
de toute façon crois bien
qu’à gratter le fond point de sens ;
faisons quelque chose d’un genre léger.
Viens ici, point même besoin d’aller
déranger la Nature
avec ses graves paysages
et les pyrotechniques astrales ;
nous n’irons... [Lire la suite]