THIERRY MATHIASIN ... Extrait
Je finirai la bouche barrée du rivage où nos prières ont échoué,
sous le soleil où nous avons marché très près du ciel avec le cœur déchiré comme un voile de présages,
dans toutes les racines où nos veines ont bu l'odeur de la terre
et la fureur des saisons
Nous serons aussi nus que ces épaves de silence,
des lambeaux de paroles que seuls les oiseaux savent éparpiller quand le vent dérive au-dessus des vagues avec le sel de l'exil
Je finirai à bout de force le corps mangé d'écume,
un horizon planté dans la poitrine, là où ton sang me rappellera ces côtes où nous avons usé nos corps comme de vieux marins,
avec cette pluie qui revenait toujours quand nous étions partagés entre le torrent et la beauté blessée des amandiers
Je finirai avec la langue creusant le bas des falaises,
cherchant dans le sable noir du volcan la forme de tes hanches quand mes poèmes fouettaient la chute intrépide des mornes,
tous ces arbres aux mains tendues vers ton cri quand tu m'invitais à dompter ta rage de vivre
Nous finirons couchés parmi les bois flottés
et le varech des temps incertains,
nos yeux cousus de mousse,
épongeant la permanence cruelle des jours,
et le linceul des crépuscules
Tout finit par mourir dans la nuit troublée des requiem.
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THIERRY MATHIASIN
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Oeuvre Oswaldo Guayasamin