A PROPOS DE COLETTE
Le nom de Colette brille dans la voie lactée de l’encre à côté de celui de Rimbaud : il provient de la même étoile pulvérisée en astéroïde, en poussière, en livre – celle des voyants. Je ne sais comment elle fait.
Cela va trop vite pour que l’œil puisse exercer sa vertu critique, repérer les trucs.
D’ailleurs il n’y a pas de « trucs » : la grâce tricote ses phrases, et voilà tout.
Les mots poudrent ses doigts comme les ailes d’un papillon de nuit. Ils s’enflamment comme la coupe remplie à ras bord de lumière d’un bouton d’or. Les bas calculs comme les fières innocences sont épinglés. Les visages crachés sur le papier sont si vrais qu’on voit les âmes en filigrane. Le soleil vient manger dans la main de la sauvageonne, ses fleurs sont visionnaires.
À qui momentanément n’a plus le cœur de vivre, un de ses livres, ouvert n’importe où, découvrant la grande épée chauffée à blanc du verbe, accorde une résurrection. Colette va pieds nus sur le langage. Ses phrases volent dans l’air de la page comme les fleurs sucrées de l’acacia au déclin de printemps.
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CHRISTIAN BOBIN
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