ANNA MARIA CARULINA CELLI, POEMES
Il faut s'en aller derrière les lavandières
Porter le linge lourd à la rivière
En une posture d'humilité
S'incliner, ployer, se rompre presque
En savonner les dessus, les dessous, les draps
Battre les plis, l'intérieur des plis et les plats
Sans faillir lever et plier les bras
Il faut faire offrande de ses forces
Laisser aussi découvrir sous les cotonneuses avalanches
Les taches, les accrocs, les coutures
De ces fêlures, prendre le plus grand soin :
Au point le plus fragile
Commence la déchirure
Il faut emboîter le pas aux lavandières
Qui chantent quand fléchissent leurs épaules
Quand la douleur des mains ressemble à un cri
Qu'il faut encore et encore embrasser la vie
Tournoyer dans l'ancienne robe blanche
Qu'on a pris soin de frotter, de repriser, de repasser
Ces jolis volants de l'enfance
Rangés au fond du vieux coffre de bois
Au milieu des jouets cassés, des secrets, des danses et des souffrances
Il faut laver son linge sale et le faire sécher au soleil
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ANNA MARIA CARULINA CELLI
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Oeuvre Gilles Chambon