ANNA MARIA CARULINA CELLI...POEMES...Extrait
Nous nous fions à la peau, l’habit, le papier cadeau
Notre regard en vêt les êtres et les choses
Par le chas de nos lunettes, nous filons, cousons des bouts de chiffons
Nous fabriquons des images et disons : cela est
Selon l’histoire, les lieux, les liens, nous semons des pièges sur nos chemins
Ils se referment sur nos chevilles qu’ils mordent jusqu’au sang
Il faut tant de temps pour en écarter les mâchoires, tant de cris et de souffrances
Par endroits, le voile se déchire
Nous déchire
Nous foudroie de ses éclairs
Contre le soleil, nous demandons protection aux nuages
Il fait gris, il fait sombre
Un chien bat de la queue derrière la porte
Un chat ronronne sur nos genoux
Il pleut dehors mais qu’importe !
L’astre radieux lacère nos yeux
Nous préférons à la lumière les doucereuses pénombres
Où, à demi assoupis, nous caressons nos cicatrices
Nous ne sommes pas doués pour la lumière
Nous ne sommes qu’à moitié aveugles
Un œil trompe l’autre
Alors, une main posée sur la paupière égarée
Des êtres et des choses, ouvrons l’aile qui sait où battre, où se poser
Et si autant que les soleils, les beautés intérieures ne nous sont pas d’abord accessibles
Observons, des corps, les ombres portées
Observons longtemps
L’ombre d’une pomme
L’ombre d’un oiseau
L’ombre d’un homme ne répète jamais ce que son corps fait
Elle est comme l’encre écoulée de l’intime
Pour qui a appris à lire, elle écrit quelques paroles de vérité
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ANNA MARIA CARULINA CELLI
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Oeuvre Gérald Bloncourt