A TIRE D'ELLE
La voilà, me ramenant dans les pas brouillés de son silence, faisant face à la mer et toutes ses voix lasses, rompues aux écumes les plus denses, quand de mes mains je me suis raccroché aux voiles de son cœur déchiré.
Nous nous sommes reconnus sur les rives ardentes évadées du désert, l'accent des nuits sans paroles, la voûte fragile des étoiles sans repos, les interminables ressacs de l'exil et des pays sans visage.
Nous avons marché si longtemps et plus loin que nos yeux pouvaient voir, chancelant parfois sur le versant abrupt des montagnes, les tessons du vide et la verve captivante des lunes.
Sur les mers nous avons dessiné d'immenses paupières pour assoupir la touffeur des rêves implacables, ressentir le hurlement des bêtes tapies au creux d'insondables insomnies et pour élever nos chants dans d'imprévisibles partitions.
La voilà, me contant ses mémoires lointaines portées sur la cime des arbres, cette terre gorgée de pluies mauves, toutes ces résonances aux accents éblouis de mélancolie, l'écueil irrémédiable de ces fantômes de l'ombre, le verbe saignant de toutes ses dérives en décrue.
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THIERRY MATHIASIN
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Oeuvre de Sylvie Cliche