ANNA MARIA CARULINA CELLI...Extrait
Un vent étrange soulève la pluie dans un fracas de mouettes noires
On dirait la mer lorsqu’elle n’a plus de rives
On dirait l’homme qui ne sait par quelle porte sortir de sa peur et ne bouge plus, récitant les mêmes vaines prières
Pourquoi, O Terre, m’as-tu abandonné ?
La pluie se jette sur lui, frappe son radeau d’infortune
Sous son cri, la Terre répond
Je ne t’ai pas abandonné, après m’avoir piétinée, creusée à coups de pioche, m’avoir labourée de la surface aux racines, avoir joui de mes fruits et bu mes rivières, tu es parti me maudissant de tes fautes
Tu es parti, bouche colère œil arrogant
Ne t’avais-je donc pas aimé, ouvert mon ventre et promis à la joie ?
Te voici captif de ton mauvais rêve
On dirait la mer lorsqu’elle n’a plus de rives
Cependant, Homme de peu d’amour, tu es mon enfant, toi qui as perdu de vue mes grèves
La clé se trouve au fond du puits
N’implore donc pas le ciel car le ciel est mon souffle
Cherche la clé sous les sédiments de ton orgueil
Fais-toi humble mendiant aux pieds nus
Sacrifie le peu de tes biens au chiens errants
Réchauffe l’oiseau mourant de l’hiver
Je ne t’ai pas abandonné, répond la Terre
Que l’homme sous ses cris victimaires n’entend pas
ANNA MARIA CARULINA CELLI
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Photographie Gaëlle de Trescadec