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EMMILA GITANA
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10 février 2025

LEO FERRE....Extrait

 

 

Je suis un cinglé des animaux, de tous le animaux, des plus gigantesques aux plus petits, de l'éléphant jusqu'à l'araignée que je protège et à qui nous mettons souvent une soucoupe de lait au dessous de sa toile merveilleuse; les araignées adorent le lait.

 

Les chiens , à la maison, c'est sacré; rien ne se fait chez nous sans penser à eux. Nous vivons à quatre pattes comme eux, à leur portée. Ils se mettent aussi à la notre et nous aiment, et nous lèchent tout le long du jour.

J'avais trois gros Saint-Bernard, des " Sarah Bernard " comme disent les curieux, des saints tout court comme nous disions. Ils sont morts cette année dans nos bras , comme nos enfants, car ils étaient nos enfants. Je n'aime pas beaucoup parler de ce grand malheur, mais comme je vous raconte nos amours, il faut bien que je vous raconte nos peines. Ils sont partis pour ce paradis des chiens où les hommes ont des muselières. Je ne comprends pas les hommes qui n'ont pas de chien;  ils s'excusent en disant qu'ils n'ont pas l'espace nécessaire, que les chiens seraient malheureux etc. ....Les hommes qui n'ont pas de chien sont des hommes incomplets . Ils ne savent pas ce qu'ils perdent...Les hommes qui n'aiment pas les chiens, qui leur font des misères sont indignes. Je les enchaînerai volontiers dans un cul de basse-fosse avec une gamelle de déchets, avec comme gardiens des molosses qui leur apprendraient la tendresse, " condamnés à l'Amour "....

Voilà la peine que méritent les gens qui n'aiment pas...

 

Ma maison est trop petite, sinon j'en ferais une arche comme le bon Noé, une arche sans littérature et sans rameaux d'olivier, une vraie arche pleine d'oiseaux, de papillons, de crapauds, de singes, de lapins, un hibou aussi. Nous en avons eu un pendant deux mois, un ange, et qui est mort entre nous deux dans le lit...

 

Et puis tout ce que vous pourrez imaginer, avec dans un immense sac d'avoine, un vieux cheval, un qui a travaillé toute sa vie sous les coups d'un paysan imbécile et méchant; un bon gros vieux cheval de la brume et qui m'apprendrait à être juste. Les chevaux m'empêchent de dormir : ils me tirent par les pieds la nuit. Ils me disent de venir les prendre et les garder au chaud. Moi, je leur mets des couvertures de mémoire. Ils aiment bien un peu de chaleur les chevaux. Qu'est-ce que vous croyez ?! 

Et puis les abattoirs, rien que ce mot glacé sur une page blanche, et j'y vois une tâche indélébile. Il y a des mots qui salissent la langue française, le langue tout court, et ça fait mal dans la bouche. Tout ce qui vit m'est pitoyable, parce que voué à l'échec plus ou moins tardif de la mort; mais la mort alimentaire m'inverse l'estomac, la mort que l'on étend en croix derrière les vitres d'un boucher me fait penser à un pays où on vendrait de l'homme à la criée sous le regard indifférent du cheval de fiacre. C'est l'indifférence des animaux qui me donne le sentiment de leur divinité. Les Dieux ne mangent pas, ne rient pas, ils pleurent peut-être, qui sait, en pensant à notre condition quand ils sont le cheval de la glace à midi, à Paris, et qu'ils pendent à leur cou le petit sac d'avoine, leur dernière fortune.

 

 

 

 

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LEO FERRE

 

 

 

 

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LEO FERRE, AMOUR DES ANIMAUX, EXISTENCE, COEUR

 

Oeuvre Jan Bruegel
 

Commentaires
C
Quelle gifle magistrale ! Pour le Respect de la Vie et la seule " bêtise " qui soit : celle de l'homme maltraitant la condition du règne non humain en satisfaisant ses plus vils instincts ...
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EMMILA GITANA
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