QUELQU'UN COMMENCE A PARLER DANS UNE CHAMBRE... Extrait
Chaque soir laissez la porte entrouverte,
il se pourrait qu’un souffle d’air veuille entrer
et avec lui peut-être un papillon de nuit, une feuille
tant de choses peuvent renaître si le temps
se promène à son gré dans le noir des chambres
et s’attarde sur un miroir ou dessine
dans la tête de celui qui dort une autre pensée
le temps n’aime pas les portes qui se referment
pour se rouvrir au matin comme si l’homme depuis
toujours
disposait des heures qui tournent.
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Il pleut très doucement dans un poème
et la ville est couchée là tout près comme un bon chien,
des choses passent et puis d’autres reviennent
il y a des mots qui sont lourds de soleil
et qui disent très bien la fourrure secrète d’une femme
et d’autres qui sont pleins de brume jusqu’au réveil
il pleut si doucement que c’est peut-être un autre monde
pareil à celui-ci mais sans hâte et sans orgueil
et c’est dans le dedans de soi comme des gouttes de
silence.
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CLAUDE ESTEBAN | 1935~2006
© Flammarion, 1995
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