A CES LONGS COULOIRS D'AMAS DE VIES...
À ces longs couloirs d'amas de vies,
ces corps étranglés de cris,
où la mer retient son souffle,
la rive vêtit d'un linceul
que seuls les oiseaux
ont le courage d'essaimer
au-dessus du silence blafard du monde
De cet enfant à l'œil naufragé
de ses bateaux de papier froissés
dans des fosses de larmes,
la vague torturée
des horizons brûlés,
le toit blessé des jours,
leurs brèches de prières tues
Aux grandes voiles pâlit d'exils,
où le soleil panse son déclin,
s'arrache le visage au chevet des ombres
creusant dans le ventre des femmes l'aube implacable des orphelins
À ces nuits qui n'ont pas fini de marcher
sous les lunes insomniaques,
ni de voir fleurir sur le dos des terres brutalisées le sang de ceux qui n'ont
plus rien à perdre,
pour qui les cadavres
n'ont pas dit leur dernier mot
De ces télévisions qui jouent aux épitaphes
dans les salons dorés de l'indifférence,
déversant dans les foyers l'image des tombes avec lesquelles nous faisons nos lits pour dormir tranquille avec des rêves tronqués
Aux squelettes qui longeront longtemps encore vos velléités de fuites éperdues,
quêtant la possibilité d'une île pour un repos éternel après le désastre,
de ces matins qui n'auront jamais la couleur d'un refuge,
puisque les morts n'ont pas de saison
À ces alliés vendus à leur propre lâcheté,
thésaurisant sur des butins lugubres,
se démenant à se refaire une santé parmi les plaies en bandoulière de leur impunité
De ces âmes inquiètes qui ont émigré sur l'éclat pathétique de vos quotidiens,
la façade insoutenable de votre superbe,
où vous vous efforcez dans vos papiers peints à dépeindre la suffisance qui vous ressemble
De ces traînées imperturbables où le temps se repaît de ses non-lieu,
se pavanant comme une pute qui s'enorgueillit de ses passes répétitives,
jusqu'au dernier client de la sale besogne,
celle qui ne souffre d'aucun scrupule
De ces excroissances à grand fracas,
sûres de se faire une place dans la prétention hagiographique de ses méfaits,
un nouvel ordre mondial à coup de charniers,
où l'économie en maîtresse de cérémonies distribue les vices,
la panoplie des insensés cimetières
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THIERRY MATHIASIN
https://www.facebook.com/thierry.mathiasin
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