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EMMILA GITANA
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22 mars 2025

A CES LONGS COULOIRS D'AMAS DE VIES...

 

 

À ces longs couloirs d'amas de vies, 
ces corps étranglés de cris, 
où la mer retient son souffle, 
la rive vêtit d'un linceul 
que seuls les oiseaux 
ont le courage d'essaimer 
au-dessus du silence blafard du monde 

 


De cet enfant à l'œil naufragé 
de ses bateaux de papier froissés 
dans des fosses de larmes,
la vague torturée 
des horizons brûlés,
le toit blessé des jours,
leurs brèches de prières tues 

 


Aux grandes voiles pâlit d'exils,
où le soleil panse son déclin,
s'arrache le visage au chevet des ombres 
creusant dans le ventre des femmes l'aube implacable des orphelins 

 


À ces nuits qui n'ont pas fini de marcher 
sous les lunes insomniaques,
ni de voir fleurir sur le dos des terres brutalisées le sang de ceux qui n'ont 
plus rien à perdre,
pour qui les cadavres 
n'ont pas dit leur dernier mot 

 


De ces télévisions qui jouent aux épitaphes 
dans les salons dorés de l'indifférence,
déversant dans les foyers l'image des tombes avec lesquelles nous faisons nos lits pour dormir tranquille avec des rêves tronqués 

 


Aux squelettes qui longeront longtemps encore vos velléités de fuites éperdues, 
quêtant la possibilité d'une île pour un repos éternel après le désastre, 
de ces matins qui n'auront jamais la couleur d'un refuge,
puisque les morts n'ont pas de saison 

 


À ces alliés vendus à leur propre lâcheté,
thésaurisant sur des butins lugubres,
se démenant à se refaire une santé parmi les plaies en bandoulière de leur impunité 

 


De ces âmes inquiètes qui ont émigré sur l'éclat pathétique de vos quotidiens, 
la façade insoutenable de votre superbe,
où vous vous efforcez dans vos papiers peints à dépeindre la suffisance qui vous ressemble 

 


De ces traînées imperturbables où le temps se repaît de ses non-lieu, 
se pavanant comme une pute qui s'enorgueillit de ses passes répétitives,
jusqu'au dernier client de la sale besogne,
celle qui ne souffre d'aucun scrupule 

 


De ces excroissances à grand fracas, 
sûres de se faire une place dans la prétention hagiographique de ses méfaits,
un nouvel ordre mondial à coup de charniers, 
où l'économie en maîtresse de cérémonies distribue les vices, 
la panoplie des insensés cimetières 

 

 

 

 

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THIERRY MATHIASIN

https://www.facebook.com/thierry.mathiasin

 

 

 

 

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Enfants p

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