JEAN-MARC LA FRENIERE... Extrait
"Plus dénudé qu’un roc, il me reste à la main un frêle bouquet de mots, tous reliés par les mouvements du corps. Je me demande parfois si l’homme fait vraiment partie de la nature, et pourtant, la nature peut répondre à toutes les questions de l’homme. Ceux dont on dit qu’ils n’ont pas les pieds sur terre sont souvent les mieux enracinés. Ils touchent au but bien avant la raison. La tête dans les nuages, ils rejoignent la source. Ce qu’il faut sacrifier pour être libre ne vaudra jamais la liberté. L’éclat de l’eau, l’éclair dans l’orage, le foin d’odeur, quelles merveilles ! J’espère qu’il y aura toujours un petit baveux pour nous apprendre à vivre, une révoltée sublime pour rendre la colère le plus tendre possible. Au lieu de frapper dans le vide ou le visage du réel, mon poing dressé sur une table d’infortune se transforme en stylo. Il est de plus en plus difficile de toucher la vie, de voir pour de vrai. Partout, on nous impose des gants ou des lunettes fumées. On pratique les hommes à être des robots, des automates de foire, des machines à consommer, des ombres à la gâchette rapide tirant le soleil dans le dos. Il y a longtemps qu’avoir ne me concerne plus. Je ne fais pas partie des meubles, mais des arbres, du sol qui les porte et de l’air qu’on respire".
.
JEAN-MARC LA FRENIERE
Jean-Marc La Frenière (© Chemins de Plume)
.
/image%2F1206717%2F20250315%2Fob_629123_j-m.jpg)