ANNA MARIA CARULINA CELLI...Extrait

- Y seras-tu aux aurores ?
- Je dors avant l’aube, vois-tu.
- Je ne vois rien. Fuis-tu la lumière, et dans la lumière ton visage ?
- Je bois l’oubli jusqu’à tomber, jusqu'à tromper le monde.  
- As-tu vu une seule aurore ?
- J’ai vu le fond du verre et ses lueurs captives. 
- Alors tu ne sais rien de ce qui commence.
- Peut-être. Mais je connais la fin. 
- La soif. 
Qui dort avant l’aube ignore le regard du jour. Il vit de nuit en nuit, dans l’écho du soir, là où se meurent les couleurs avant d’avoir un nom. 
Elle exige 
D’avoir attendu, l'aurore.  
Qui s’enivre pour s'abattre espère un sommeil plus haut que le feu.  
Or sa couche est le lit de cendres d'un âtre froid.  
Son astre est mort. Alors il boit à inventer la flamme. 
- Tu dis que tu écris ?
- J'écris. Je ne sais quoi. Les pièces d'un puzzle. Mais as-tu vu l’aurore ? Peut-il écrire un seul mot celui qui n'a une seul fois vu se lever le jour? Qui sait que le jour survit à la tombe ?
- J’ai écrit contre elle. C’est déjà une forme de veille.
- Dieu sait que j'aime la nuit, les heures où dans les maisons, les lumières s'éteignent et les voix s'ensevelissent dans un souffle.  
Lorsqu'enfin on peut convoquer les fantômes et qu'ils viennent en nombre. 
Mais l'aurore... Que n'as-tu écris pour elle!

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ANNA MARIA CARULINA CELLI

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