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EMMILA GITANA
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31 juillet 2008

CI-GIT ROBIN


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Aux poètes de Bretagne

Armand Robin
    Robin des nuits, Robin des bois et des rivières
    sans un mot tu t'en es allé dans la paisible mort
    des pierres du silence
    Tes yeux fermés sur le rêve libertaire
    tu gis, tranquille
    tel le mendiant sous le porche à Rostrenen et Langonnet.
   
    Robin, anarchiste du Poher
    épi trop mûr de la douleur paysanne
    résidu exilé aux durs pavés de Paris
    toi l'ami de Maiakowski, d'Essenine et de Calloc'h
    toi qui chantais la fraternité dans toutes les langues ouvrières
    il a fallu que tu voies les banquiers et les flics
    faire de cette terre bien-aimée une morgue et une salpétrière.
   
    Robin
    Robin des ruisseaux et des genêts
    Maudits soient qui t'écrouèrent
    Fresnes, Santé, Conciergerie, Bastille
    c'est fou comme on aime les geôles à Paris
    et c'est là qu'ils ont voulu que tu meures
    toi, l'homme des steppes et des collines
    et des libres espaces sous le vent
    là, au Dépôt, entre leurs mains pourries
    Dis, Robin, en quel caveau t'ont-ils enseveli
    qui a signé la levée d'écrou de ta dépouille
    quelle fripouille de leur République de nantis
    faut-il désigner aux partisans de colère ?
   
    Robin, poète des longs silences fiers
    vagabond des pluvieuses nuits, où dors-tu
    la bouche scellée sur l'indicible poème
    Dis, Robin
    en quel village danses-tu avec Ben Barka
    le jabadao des suppliciés
    si loin, si loin de Rostrenen et Langonnet ?
   
    Robin, je vais te le dire :
    ce n'est pas assez de vivre en fraude
    il faut que les Bretons meurent en maraude
    Cloportes, rats, rongeurs de rêves
    ce n'est pas assez d'être pauvres
    il faut encore crever sans trêve
    comme des truands dans les cul-de-basse-fosse
   
    Robin, je vais te le dire
    ce jour où les matons sonnèrent tes glas
    avec leur trousseau de clés
    les merveilleux haillonneux vagabonds
    récitèrent un Dies Irae
    là-bas, dans les prés de Kéranglaz

Robin

Robin des nuits, Robin des bois et des rivières
    les barricades auront un jour l'accent de Plouguernevel
    nous craquerons le silence avec des jets de pierres
    nous parlerons breton aux juges du Sanhédrin
    nous parlerons breton aux fêtes fraternelles
    Robin
    Robin des nuits, Robin des bois et des rivières
    je clamerai ta rime aux éoliennes
    et le vent de la mer dira aux hommes et aux pôles
    « en France, c'est sûr, on n'aime les poètes qu'assassinés »

. 

XAVIER  GRALL

.

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Commentaires
V
Poètesses et poètes à qui vous rendez ces hommages vibrants vous remercient du fond du Coeur pour tant de délicatesse, de don de vous-même, de sensibilité, de ferveur pour un PARTAGE magnifique envers tous ! Merci de nous ravir et de nous faire frémir ainsi à la lecture de textes en tous points passionnants et bouleversants ! Xavier GRALL par exemple est un être si franc, si ouvert aux quatre ( mille ) vents de la mémoire, du mystère, de la confiance retrouvée, d'un espoir multiplié...!
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N
merci de rendre ainsi hommage à ces hommes et à ces femmes de grande qualité que l'actualité médiatique ne traite pas...En ont-ils besoin ? je pense qu'un peu plus de notoriété ne leur ferait pas de mal mais...je n'en suis plus tout à fait certain. peut-être que cette forme de rareté n'est pas étrangère à ce qu'ils sont réellement. Et, de toute manière, dans un monde piégé par l'artifice, leur place est peut-être dans les coulisses, là où l'on peut mieux observer la scène et ses acteurs.<br /> Bravo pour vos chois qui sont toujours pertinents.
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EMMILA GITANA
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