LES CANTOS...Extrait
"A la première pâleur qui éclaire les cieux
Et les cités sises entre les collines,
La déesse aux belles cuisses
S’avance, le bois de chêne derrière elle, la pente verte, avec des bêtes blanches
qui sautent autour d’elle ;
Et descendant de là jusqu’où s’ouvre la crique, jusqu’au soir,
eaux étales devant moi,
et les arbres croissent dans l’eau,
troncs de marbre taillés dans le repos,
Plus loin que les palazzi,
au repos,
Cette lumière n’est point solaire.
Chrysoprase,
et l’eau claire verte, et claire bleue ;
Plus loin, jusqu’aux grandes falaises d’ambre,
en leur sein,
La grotte de Nerea,
elle, comme un grand coquillage incurvé,
et la barque tirée sans bruit,
Sans relent de cale sèche,
aucun cri d’oiseau, aucun clapotis de vague,
aucuns ébats de phoque, aucun clapotis de vague,
en sa grotte, Nerea,
elle, comme un grand coquillage incurvé
dans la suavité de la roche,
falaise gris-vert au loin,
Mais près, l’ambre des falaises-portes,
et la vague
claire verte, et claire bleue,
et la grotte blanc-sel, et pourpre ébloui,
fraîche, lisse porphyre,
roc par la mer usé.
Aucun cri de la mouette, aucun souffle de phoque,
sable comme de la malachite, et dedans aucun froid,
cette lumière n’est point solaire."
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EZRA POUND
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