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EMMILA GITANA
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15 mai 2009

LE LIT DE L'ETRANGERE

C’est un amour qui va sur ses pieds de soie,
Heureux de son exil dans les rues.
Un amour petit et pauvre que mouille une pluie de passage
Et il déborde sur les passants : Mes présents sont plus abondants que moi.
Mangez mon blé, Buvez mon vin,
Car mon ciel repose sur mes épaules et ma terre vous appartient…
As-tu humé le sang du jasmin indivis
Et pensé à moi ?
Attendu en ma compagnie un oiseau à la queue verte
Et qui n’a pas de nom ?
C’est un amour pauvre qui fixe le fleuve
Et il s’abandonne aux évocations : où cours-tu ainsi, Jument de l’eau ?
Sous peu, la mer t’absorbera.
Va lentement vers ta mort choisie, Jument de l’eau !
Etais-tu mes deux rives
Lorsque le lieu était tel qu’il se devait d’être,
Léger léger pour tes souvenirs ?
Quelles chansons aimes-tu ?
Quelles chansons ?
celles qui chantent
La soif de l’amour ou
Celles qui chantent le temps révolu ?
C’est un amour pauvre et non partagé,
Calme, calme, qui ne brise pas
Le verre de tes jours dévolus
Ni n’attise le feu d’une lune froide
Dans ton lit.
Tu ne devines pas sa présence si, à sa place peut-être, une obsession te fait pleurer.
Tu ne sais ce que tu ressens
lorsque, de tes bras, tu n’enlaces
Que toi !
Quelles nuits désires-tu, quelles nuits ?
Et de quelle couleur sont ces yeux dont tu rêves,
Lorsque tu rêves ?
C’est un amour pauvre et partagé
Qui réduit le nombre des désespérés
Et hisse le trône des colombes sur les deux côtés.
A toi de conduire
Ce printemps rapide vers ceux que tu aimes.
Quels temps désires-tu, quels temps ?
Que j’en sois le poète, ainsi et ainsi…
Chaque fois
Qu’une femme s’en va, au soir, vers son secret,
Elle trouve un poète marchant dans ses obsessions.
Et chaque fois qu’un poète va au plus profond de lui,
Il trouve une femme se dénudant devant son poème…
Quels exils désires-tu ?
M’accompagneras-tu, partiras-tu seule dans ton nom,
Exil couronnant un autre exil
De toute sa splendeur ?
C’est un amour qui passe par nous
Sans que nous y prenions garde.
Et il ne sait et nous ne savons
Pourquoi une rose dans un vieux mur nous disperse,
Pourquoi une jeune fille en pleurs à l’arrêt d’un bus,
Croque une pomme et pleure encore et rit
Ce n’est rien, rien qu’une abeille qui vient de traverser mon sang…
C’est un amour pauvre qui contemple
Longtemps les passants et prend
Le plus jeune pour lune : tu as besoin
D’un ciel moins élevé.
Sois mon ami et tu pourras contenir
L’égoïsme de deux êtres qui ne savent
A qui offrir leurs fleurs…
Il parlait peut-être de moi, peut-être
De nous, mais nous ne le savions pas.
C’est un amour… .
.
MAHMOUD  DARWICH

.

PAUVRE_AMOUR

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