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EMMILA GITANA
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4 août 2009

ORACLES DES VIEILLES EAUX

 

 

Le désir fou d'être là,

 

 

A remonter sur ta nuque

L'épais drap de mer,

A lire, à rebours,

Ton cadastre d'écume.

 

 

Le temps est si lent

Qui trace sur ton dos

Son abécédaire de vent.

 

 

Le temps est si lent

Que poussent sous ses doigts

La fleur de l'oranger,

Une langue commune,

Une promesse de ciel

Pour les oiseaux.

 

 

Vaste papyrus, la mer,

Sans cesse,

Dessine ses rouleaux,

Dépoussière les langues,

Déroule bras et nageoires.

 

 

Cellules, tourbe, sable,

Sel, sang, oeillets pourpres,

Se frottent et s'épousent.

La caresse remonte le courant,

Chaque écaille, chaque vague

Lues.

 

 

C'est comme si,

Annulant les distances,

Tout s'embrassait d'un coup :

L'air immense,

Le murmure des chrysalides,

Les cohortes d'algues

Et de vertèbres.

 

 

Substances imparfaites,

Indices flous,

Ce qui marche dans la mer

Allume les étoiles.

 

 

Les pôles exhument

Leurs vieilles neiges,

Attèlent glaces et fossiles

Aux abruptes parois du ciel.

 

 

Les saisons rangent leurs fruits,

S'habillent de neuf,

Prophétisent la modestie

De l'arbre.

 

 

La pluie aura cent mille ans

Et c'est elle qui, chaque jour,

Abrite l'étreinte,

Lève des nuées de jardins.

 

 

Plus qu'un passage,

C'est un gîte, ici,

Qui se souvient.

 

 

Il connaît chaque limon,

Chaque étincelle,

Chaque mot.

Il sait le grand charroi

Des souffles,

Le pouls des hémisphères,

La danse des pollens.

 

 

Divine patience

Qui libère les souches,

Tamise les astres,

Adoube les atomes.

 

La caresse remonte

Le long de ton dos

Si lentement

Que des continents

Se séparent.

 

 

La caresse remonte

Le long de ton dos

Et je suis fou

D'être là,

Oracle des vieilles eaux.

 

 

 

 

 

.

 

 

 

 

BRIGITTE  BROC

 

 

 

 

.

 

 

amour

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