Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
EMMILA GITANA
Visiteurs
Depuis la création 1 630 023
Newsletter
Archives
18 août 2009

CITADELLE...Extrait

(....)

Dehors je sens que le temps coule en vain. Je sens le temps qui coule. Il ne doit point couler ainsi, sensible, mais durcir et mûrir et vieillir. Il doit ramasser peu à peu l’ouvrage. Mais que durcit-il, désormais, qui vienne de nous et qui restera ?

Car le chagrin est toujours fait du temps qui coule et n’a point formé son fruit. Il est chagrin de la fuite des jours, du bracelet perdu lequel est du temps qui s’égare, ou de la mort du frère laquelle est du temps qui ne sert plus.

Ceux-là ne savent point attendre et ne comprendront aucun poème, car leur est ennemi le temps qui répare le désir, habille la fleur ou mûrit le fruit. Ils cherchent à tirer leur plaisir des objets, quand il ne se tire que de la route qui se lit au travers. Moi je vais, je vais et je vais. Et quand me voici dans le jardin qui m’est une patrie d’odeurs, je m’assieds sur le banc. Je regarde. Il est des feuilles qui s’envolent et des fleurs qui se fanent. Je sens tout qui meurt et se recompose. Je n’en éprouve point de deuil. Je suis vigilance, comme en haute mer. Non patience, car il ne s’agit point d’un but, le plaisir étant de la marche. Nous allons, mon jardin et moi, des fleurs vers les fruits. Mais à travers les fruits vers les graines. Et à travers les graines vers les fleurs de l’année prochaine. Je ne me trompe point sur les objets.

.

ANTOINE DE SAINT-EXUPERY

.

TEMPS

Commentaires
EMMILA GITANA
Tags
Derniers commentaires