LA HUITIEME ECORCE...Extrait
nous étions là avant l’histoire
toi qui t’étends sur l’arbre comme texte de mémoire
tatouage de prières sur rumeurs du jadis
moi enlisé dans tous mes noms
qui me creuse en bas dans la chair
les larmes sont souffles quand la terre se tourne
nous nous guettons chacun dans ses insomnies
nous épions le commencement de l’autre
la bouche d’où sort la nuit nous dénonce
nous pousse à faire amitié comme fougères
à devenir lien pour la complicité des tueurs d’oubli
tes conquêtes montent haut au-delà du bruit
toi la huitième écorce tu auras fait de moi une rumeur
mes écritures me rejettent jusqu’à l’absence
me frotter sang contre mousse a fait de moi ton ombre portée
tu te suffis à toi-même
avec moi enclos dans mes tremblements
depuis longtemps
nous étions là avant l’histoire
qui va céder le premier
qui va commencer l’oubli
qui va lire l’autre jusqu’au blanc
la confiance s’est perdue dans les météores
le premier qui s’endort est mort
nous partageons un seul miroir
une seule peau
vieux couple lié par la ténèbre
dans le même lieu
par le seul mot
la même patrie de ciel
à quelle distance intérieure dois-je me tenir de toi ?
rends-moi l’ombre d’où je viens
laisse-moi instant de passage
je ne veux plus être durable
meurs avant moi
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GIL PRESSNITZER
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