"DES DROITS GROSSIÈREMENT VIOLÉS"
Le transfèrement de 124 immigrés clandestins se disant Kurdes de Syrie, découverts vendredi 22 janvier sur une plage près de Bonifacio (Corse-du-Sud), s'est déroulé samedi sans incident vers des centres de rétention du continent, a indiqué le maire Jean-Charles Orsucci. 123 personnes (57 hommes, 28 femmes et 38 enfants) ont été emmenées à bord d'autocars militaires vers la base aérienne de Ventiseri-Solenzara (Haute-Corse), samedi matin. Une femme victime d'un léger malaise a été transportée un peu plus tard dans un fourgon de gendarmerie.
Selon le procureur de la République d'Ajaccio, Thomas Pison, les 80 adultes entendus comme témoins ont affirmé être partis de Syrie pour aller en camion jusqu'en Tunisie d'où ils auraient embarqué à bord d'un cargo pour la Corse, alors qu'ils souhaitaient aller en Scandinavie. M. Bouillon a qualifié d'"étonnant" ce parcours, "compte tenu du nombre de pays à traverser et de la difficulté de franchissement de certaines frontières".
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Soulignant qu'il existe "beaucoup de zones d'ombre", M. Pison a indiqué que les clandestins ont payé de 2 500 à 10 000 euros par personne à des passeurs en Tunisie. Un cargo battant pavillon russe ou ukrainien serait recherché.
Le ministère de l'immigration a en outre indiqué, à la mi-journée, qu'un deuxième bateau susceptible d'avoir débarqué ces clandestins en Corse a été identifié et était samedi en cours de vérification.
Le ministre de l'immigration Eric Besson a exclu que la Corse devienne comme l'île italienne de Lampedusa une destination pour les candidats à l'immigration et a proposé un sommet européen sur la question. – (Avec AFP)
Un premier groupe de soixante personnes a quitté l'île samedi à bord de trois avions de la sécurité civile, a indiqué le préfet de région, Stéphane Bouillon. "Ils seront répartis sur un ensemble de centres de rétention dans le Sud où les familles et les enfants en bas âge peuvent être accueillis", a-t-il dit. Le ministère de l'immigration a indiqué dans un communiqué que chaque clandestin "bénéficiera d'une évaluation individuelle de sa situation", assisté d'un interpréte
Dix d'entre ont été transférés en fin de matinée au centre de rétention administrative de Lyon, "deux couples avec deux enfants chacun" et "un couple sans enfant", a précisé la préfecture. "Ils sont plutôt jeunes, mais nous n'avons pas de confirmation de leur nationalité", a-t-elle ajouté.
Vingt autres doivent être accueillis au centre de rétention administrative du Canet à Marseille, a indiqué l'association Forum Réfugiés chargée de l'assistance juridique aux étrangers en rétention dans le Sud-Est. "On attend vingt personnes – cinq couples et dix enfants", a déclaré le directeur adjoint de Forum Réfugiés, Julien Poncet. "Notre équipe est déjà sur place, a-t-il précisé, les gens vont manger un morceau et on va commencer les entretiens aussitôt".
Un deuxième groupe d'une cinquantaine de réfugiés a quitté l'île samedi après-midi pour une destination qui n'a pas été précisée. Un dernier groupe d'une dizaine de personnes doit quitter la Corse en début de soirée, a ajouté la préfecture.
"DES DROITS GROSSIÈREMENT VIOLÉS"
"Les droits les plus élémentaires de ces personnes sont grossièrement violés", déplore la LDH, samedi dans un communiqué cosigné par la fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et le réseau euroméditerranéen des droits de l'Homme. "Il ne s'agit pas de 'clandestins' vivant en se cachant sur le sol français, mais de réfugiés qui, arrivant sur le territoire de la République, ont le droit absolu, au regard tant de la Constitution française que des conventions internationales, de demander asile", affirment les associations. "Ils peuvent à la rigueur être placés en zone d'attente le temps qu'ils puissent formaliser leur demande d'asile, mais les diriger vers des centres de rétention constitue une violation délibérée des engagements les plus essentiels de la République française", jugent-elles.
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