POESIE PERDUE...Extrait
"O toi, je ne t'oublie jamais dans ma prière -- Tu reviens ramenée par la dernière heure des nuits, par la lampe qui précède mon jour quotidien, par toute séparation de mon âme et des choses, quand il lui semble qu'elle poursuit un mouvement qui se divise de tout objet et cherche à être soi-même ou à je ne sais quel amer recul, auprès duquel toutes choses sont étrangères.
Alors tu reviens comme l'eau rentre dans le creux du vaisseau troué quand les hommes n'en peuvent plus et cessent de pomper. Ma prière est sans parole ou les paroles n'en sont que la place.
Tu reviens comme le pendule à sa position, comme ce qui obéit à des puissances fatales -- et prier c'est cela.
Vivante devenue puissance, abus, ombre devenue nécessaire à la réalité, fantôme sans qui le vivant se sent mort, possession des points stratégiques de la vie par une entité --- Comment se peut-il que ce qui fut rencontré et connu au hasard, par le hasard devienne nécessaire?"
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PAUL VALERY
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Oeuvre Diego Rivera