BERNARD PERROY
à Nathalie Billecocq,
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Le monde serpente en tout sens,
n'est plus que ce chemin de fin du jour,
pierre après pierre…
On s'échine à dévaler la pente,
à la remonter vers la frontière
entre cimes et nuées…
Et déjà le pied heurte un pauvre nom
caché sous la poussière,
une petite larme qui se sèche au soleil,
un regard enfantin,
un bond imaginé,
une heure nouvelle dans le grand vent
agitant pour un temps
la crinière des arbres,
la perle ou l'or d'une rencontre perdue…
Rien encore,
ni la danse, ni le chant,
ni l'empreinte de quoi que ce soit,
n'est apparu sous le silence profond,
de pourpre, d'encre ou d'azur,
qui habite le cœur en ses patios d'attente,
ses essaims d'astres et de tout ce qui tourne
en tout sens…
Et toi qui meurs de vouloir vivre en trop plein,
qui t'assoiffes de boire à la source invisible,
qui boîtes et te laisses engloutir
dans l'avalanche à la fois
des peines et des “sans-soucis”,
des colchiques dispersées
dans le hameau des songes,
as-tu déjà cherché de ce côté-ci
les mots que tu aimes tant
parce qu'ils savent marcher dans l'ombre,
comme des vers luisants,
en se sachant si dignes d'être inutiles…
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BERNARD PERROY
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