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EMMILA GITANA
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24 juin 2010

LE JOUEUR DE DES

  Traduction de Jalel El Gharbi

.
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
Moi qui ne suis pas un galet poli par les eaux
A en être devenu une figure
Ni un roseau percé par les vents
A en  être devenu une flûte…

Je suis le joueur de dés
Tantôt je gagne, tantôt je perds
Je suis comme vous
Ou un peu moins
Je suis né à côté du puits
Et des trois arbres solitaires comme des nonnes

Je suis né sans cérémonial ni sage-femme
Et l’on a choisi mon nom par hasard
J’ai appartenu à une famille
Par hasard
J’en ai hérité les traits, les qualités
Et les maladies :
Premièrement, une malformation au niveau des artères
Et l’hypertension
Deuxièmement, la timidité à m’adresser à père, à mère
Et à la grand-mère-arbre
Troisièmement, l’espoir de soigner la grippe
Avec un verre de camomille bien chaud
Quatrièmement, une paresse à parler du faon et de l’alouette
Cinquièmement, une lassitude les nuits d’hiver
Sixièmement, un flagrant échec à chanter
Je n’ai aucun mérite dans ce que je fus
C’est un hasard que je sois  né
Garçon
Par hasard, j’ai vu le croissant, pâle comme un citron
Harcelant les jeunes filles qui veillent
Je n’ai fait aucun effort
Pour trouver
Une tache de vin à l’endroit le plus intime de mon corps
J’aurais pu ne pas être
Mon père aurait pu ne pas avoir
Épousé ma mère par hasard
J’aurais pu être comme ma sœur
Qui  cria et puis  mourut
Sans se rendre compte
D’être née pour une heure
Et qu’elle n’a pas connu notre mère
Ou alors être comme
Les œufs d’un pigeon qui se sont cassés
Avant l’éclosion des pigeonneaux de leur calcaire
C’est un hasard que je sois
Le survivant de l’accident du bus
J’étais alors en retard pour la navette scolaire
Parce que j’avais oublié l’existence et ses conditions
Lorsque le soir je lisais une histoire d’amour
J’y incarnais le rôle de l’auteur
Et celui de l’amant-victime
J’étais alors le martyr de l’amour dans le roman
Et le survivant de l’accident de circulation.
Je n’ai pas de mérite dans la plaisanterie avec la mer
Mais j’étais un garçon écervelé
Amateur de vagabondage dans l’attraction d’une eau
Qui m’appelait :
Viens auprès de moi
Je n’ai aucun mérite à avoir été sauvé de la mer
Un albatros humain m’avait secouru
Ayant vu la mer qui me chassait et paralysait mes bras
J’aurais pu ne pas être follement
Épris du poème mural préislamique
Si la porte d’entrée n’était pas orientée vers le nord
Et qu’elle ne donnait pas sur la mer
Si la patrouille militaire n’avait pas vu le feu du village
Cuisant la nuit
Si quinze martyrs
Avaient reconstruit les barricades
Si cet espace agricole n’avait pas été brisé
Peut-être serais-je devenu olivier
Ou professeur de géographie
Ou spécialiste du royaume des fourmis
Ou gardien de l’écho
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
A la porte de l’église
Moi qui ne suis qu’un coup de dès
Entre prédateur et proie
J’ai gagné davantage d’éveil
Non pas pour être heureux d’un clair de lune
Mais pour être témoin du massacre
J’ai survécu par hasard : j’étais plus petit qu’un objectif militaire
Et plus grand qu’une abeille butinant entre les fleurs de la clôture
Et j’ai eu très peur pour mes frères et pour mon père
Et j’ai eu peur pour ce temps tout en verre
Et j’ai eu peur pour mon chat, pour mon lapin
Et pour une lune charmante au-dessus du grand minaret
J’ai eu peur pour les raisins de la treille
Qui pendent comme les mamelles de notre chienne
La peur me porta et je l’ai portée
Pieds nus, ayant oublié les souvenirs de ce que je voulais
Du lendemain – il n’y a pas de temps pour le lendemain-
Je marche/ Je trotte/ Je cours/ Je monte/Je descends/ Je crie/ J’aboie/Je hurle/
J’appelle /Je braille/ Je me hâte/ Je tombe/ Je m’allège/ Je sèche/ Je vole/ Je vois/ Je ne vois pas/Je trébuche/ Je jaunis/ Je verdis/Je bleuis/Je me mutine/ Je larmoie/J’ai soif/ Je me fatigue/ Je m’épuise/Je tombe/Je me relève/ je cours/J’oublie/Je vois/Je ne vois pas/Je me souviens/J’entends/Je vois/ Je délire/ J’hallucine/ Je murmure/ Je crie/ Je ne peux pas/ Je gémis/Je deviens fou/Je me perds/ Je m’amoindris/ Et je me multiplie/Je tombe/ Je m’élève/ Et je descends/ Je saigne/et je m’évanouis.
Par chance, les loups avaient disparus de l’endroit
Par hasard ou alors par crainte des soldats
Je n’ai pas joué de rôle dans ma vie
Autre que celui
De lui avoir dit : encore
Lorsqu’elle m’a appris ses psalmodies
D’avoir allumé ses lanternes
Et d’avoir essayé de les régler
J’aurais pu ne pas être une hirondelle
Si le vent l’avait voulu
Ce vent qui est la chance du voyageur…
J’ai pris la direction du Nord, de l’Est, de l’Ouest
Quant au Sud, il était trop loin, trop ardu pour moi
Parce que le Sud est mon pays
Alors je suis devenu métaphore d’une hirondelle pour survoler mes débris
Printemps comme automne…
Je baptise mes plumes avec la nuée d’un lac
Et je fais un long ave
Au Nazaréen qui ne meurt pas
Parce qu’il porte le souffle de Dieu
Ce Dieu qui est la chance du prophète…
Et j’ai la chance d’être  voisin de la divinité…
Par malchance, la croix
Est l’éternelle échelle vers notre lendemain !
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire
Qui suis-je ?
L’inspiration aurait pu ne pas être de mon côté
Cette inspiration qui est la chance des solitaires
« Le poème est un coup de dès »
Sur un carré d’obscurité
Qui peut rayonner ou ne pas rayonner
La parole tombe alors
Comme plumes sur le sable/
Je n’ai pas de rôle dans le poème
Autre que de m’incliner à son rythme :
Le mouvement des sensations s’accordant l’une l’autre
Une intuition révélant un sens
Une syncope dans l’écho des mots
Et une image de moi-même qui est passée
A son alter ego
L’assurance que j’ai à l’égard de moi-même
Et ma nostalgie pour la source/
Je n’ai pas de rôle dans le poème
Sauf lorsque l’inspiration tarit
Cette inspiration qui est la chance du savoir-faire lorsqu’il innove
J’aurais pu ne pas aimer la jeune fille qui
M’a demandé : « quelle heure est-il ? »
Si je n’étais pas sur le chemin du cinéma…
Elle aurait pu ne pas être  la métisse
Qu’elle est, ou être une pensée sombre et hermétique…
C’est ainsi que naissent les mots. J’entraîne mon cœur
A aimer afin qu’il puisse contenir la rose et l’épine…
Mes mots sont mystiques et mes désirs sensoriels
Et je ne suis pas celui que je suis maintenant sauf lorsque
Mes deux « moi » se rencontrent :
Mon moi féminin et moi-même
O amour ! qu’es-tu ? Comme tu es toi-même
Sans être toi-même. O amour ! Souffle sur nous
En tempêtes orageuses pour que l’on parvienne
A cette incarnation du céleste dans le charnel à quoi tu nous destines
Et infiltre-toi dans un versant débordant des deux côtés
Car – que tu te manifestes ou que tu te dissimules-
Tu n’as pas de forme
Et nous t'aimons lorsque nous aimons par hasard
Tu es la chance des pauvres gens/
Par malchance, j’ai échappé maintes fois
A la mort par amour
Par chance, je suis encore assez frêle
Pour mener l’expérience !
L’amoureux expérimenté se dit à part soi :
C’est l’amour  qui est notre mensonge vrai
Et l’amoureuse qui l’entend
De répondre : c’est l’amour, il va et vient
Comme l’éclair et la foudre
A la vie, je dis : patience, attend-moi
Jusqu’à ce que la lie sèche dans ma coupe.
Il y a dans le jardin des roses répandues et l’air
Ne peut
Échapper à la rose/
Attend-moi afin que les rossignols ne me fuient pas
Car je risquerais alors de faire une fausse note/
Sur la place, l’orchestre accorde ses instruments
Pour l’hymne de l’adieu.  Patience ! Tiens-moi par la taille
Afin que l’hymne ne soit pas trop long ce qui romprait le rythme entre des stances
Qui sont paires alors que la clausule est impaire :
Vive la vie !
Doucement, étreins-moi afin que le vent ne m’éparpille pas/
Même au-dessus du vent, je ne peux me détacher
De l’alphabet
Si je n’étais pas debout sur une montagne
Ce minaret de l’aigle m’aurait fait plaisir : aucune lumière plus haut !
Mais une gloire comme celle qui est couronnée d’infini or bleu
Est difficile à visiter : le solitaire y demeure solitaire
Et ne peut descendre  à pied
Car l’aigle ne marche pas
Ni l’homme ne vole
O cime semblable au précipice
O toi isolement élevé de la montagne !
Je n’ai aucun rôle dans ce que je fus
Ni dans ce que je serai….
C’est la chance. Et la chance n’a pas de nom
On pourrait l’appeler forgeron de nos destinées
Facteur du ciel
Menuisier du berceau pour nouveau-né et du cercueil pour le regretté
On pourrait l’appeler domestique des dieux dans une mythologie
Où nous leur aurions écrit les textes
Avant de nous cacher derrière l’Olympe…
Les marchands de poterie affamés les ont crus
Et nous avons été démentis par les seigneurs de l’or gavés
Par malchance pour l’auteur, c’est la fiction
Qui est réaliste sur les scènes du théâtre/
Derrière les coulisses, les choses sont différentes
La question n’est pas : quand ?
Mais plutôt : pourquoi ? comment ? et qui ?
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
J’aurais pu ne pas exister,
La caravane aurait pu tomber
Dans une embuscade et la famille aurait perdu
Un garçon,
Celui là même qui écrit maintenant ce poème
Lettre après lettre, saignement après saignement
Sur ce canapé
Avec du sang de couleur noire, qui n’est ni l’encre du corbeau
Ni sa voix
Mais plutôt un concentré de toute la nuit
Goutte à goutte, avec la main chanceuse et géniale
La poésie aurait pu gagner davantage s’il
N’était pas lui-même, et non pas un autre, une huppe
Au-dessus du cratère du précipice
Peut-être a-t-il dit : si j’étais un autre
Je serais devenu moi-même une autre fois
C’est ainsi que je ruse : Narcisse n’était pas beau
Comme il l’avait cru. Mais ceux qui l’ont fabriqué
L’ont piégé dans son miroir. Et il contempla longuement
L’air distillé dans l’eau…
S’il avait pu voir quelqu’un d’autre
Il aurait aimé une jeune fille qui le scrutait du regard,
Oubliant les rennes trottant entre tulipes et coquelicots…
S’il était un peu plus intelligent
Il aurait brisé son miroir
Et il aurait vu à quel point il était lui-même les autres…
S’il était libre, il ne serait pas devenu un mythe…
Le mirage est le livre du voyageur dans le désert.
Sans lui, le mirage, il n’aurait pas continué à marcher
A la recherche de l’eau. Il se dit : ceci est un nuage
Et il prend d’une main l’aiguière de ses espoirs et de l’autre
Il se tient la hanche. Il scande ses pas sur le sable
Pour concentrer les nuages dans un trou.
Mais le mirage l’appelle,
Le tente, le dupe puis le hisse en haut : lis
Si tu le peux. Écris si
Tu le peux. Il lit : « eau », « eau »,
« Eau ».
Et il écrit une ligne sur le sable : n’eût été le mirage
Je ne serais pas en vie jusqu’à maintenant/
Par chance pour le voyageur, l’espoir
Est le frère jumeau du désespoir, ou alors sa poésie improvisée
Lorsque le ciel semble gris
Et que j’aperçois une rose qui soudain a fait saillie
A travers les lézardes d’un mur.
Je ne dis pas alors : le ciel est gris
Mais je scrute longuement la rose
Et lui dis : ah quelle journée !
Et à deux de mes amis je dis au seuil de
La nuit
S’il faut rêver, que notre rêve soit
Comme nous…et qu’il soit simple
Par exemple : que nous trois
On dîne ensemble dans deux jours
Pour fêter la prophétie de notre rêve
Et qu’il ne manque personne de nous trois
Depuis deux jours,
Fêtons donc la sonate de la lune
Et la tolérance d’une mort qui nous ayant vus heureux ensemble
A fermé les yeux !
Je ne dis pas : ici, la vie est possible
Et que par hasard, la terre est devenue terre sainte
Non pas parce que ses lacs, ses collines et ses arbres
Sont une copie du paradis de l’au-delà
Mais parce qu’un prophète a marché par ici,
Qu’il a prié sur un rocher à l’avoir fait pleurer
Et que la colline est tombée, par crainte de Dieu,
En pâmoison
Et c’est par hasard que la pente du champ est devenue dans cette ville
Un musée des vétilles…
Parce que des milliers de soldats sont morts là-bas
Des deux côtés, pour défendre deux chefs qui
Disaient : allons. Et attendaient le butin dans
Deux tentes en soie, des deux côtés…
Les soldats sont morts plusieurs fois sans  savoir
Jusqu’à maintenant qui a remporté la guerre !
C’est par hasard que quelques chroniqueurs ont vécu et ils ont dit :
Si les autres avaient vaincu leurs autres
L’histoire humaine aurait eu d’autres intitulés
O terre tout en verdure. Pomme. « Je t’aime ainsi verte»
Tu ondoies dans la lumière et dans l’eau. Verte. Ta nuit
Est verte. Ton aube est verte. Sème-moi en toute douceur…
Avec la douceur d’une main maternelle, dans une poignée d’air.
Je suis une de tes semences vertes…/
Ce poème là n’a pas un seul auteur
Il aurait pu ne pas être lyrique…
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
J’aurais pu ne pas être ici…
Mon avion aurait pu s’écraser
Un matin,
Mais j’ai la chance d’être un lève-tard
Et j’ai donc raté l’avion
J’aurais pu ne pas connaître Damas, le Caire
Le Louvre et les villes enchanteresses
Si je marchais plus lentement,
Le fusil aurait pu couper mon ombre
Du cèdre qui veille
Si je marchais plus rapidement
J’aurais pu recevoir un éclat d’obus
Et devenir une idée passagère
J’aurais pu, si j’abusais du rêve,
Perdre la mémoire.
Par chance, je dors seul
Et je peux donc être à l’écoute de mon corps
Et croire au talent que j’ai à découvrir la douleur
J’appelle le médecin, avant de mourir de dix minutes,
Dix minutes suffisent pour que je vive par hasard
Et que je déçoive le néant
Qui suis-je pour décevoir le néant ?
Qui suis-je ? Qui suis-je ?
.

MAHMOUD DARWICH
.

p1020052

لاعب النَرْدِ

مَنْ أَنا لأقول لكمْ
ما أَقول لكمْ ؟
وأَنا لم أكُنْ حجراً صَقَلَتْهُ المياهُ
فأصبح وجهاً
ولا قَصَباً ثقَبتْهُ الرياحُ
فأصبح ناياً ...
أَنا لاعب النَرْدِ ،
أَربح حيناً وأَخسر حيناً
أَنا مثلكمْ
أَو أَقلُّ قليلاً ...
وُلدتُ إلى جانب البئرِ
والشجراتِ الثلاثِ الوحيدات كالراهباتْ
وُلدتُ بلا زَفّةٍ وبلا قابلةْ
وسُمِّيتُ باسمي مُصَادَفَةً
وانتميتُ إلى عائلةْ
مصادفَةً ،
ووَرِثْتُ ملامحها والصفاتْ
وأَمراضها :
أَولاً - خَلَلاً في شرايينها
وضغطَ دمٍ مرتفعْ
ثانياً - خجلاً في مخاطبة الأمِّ والأَبِ
والجدَّة - الشجرةْ
ثالثاً - أَملاً في الشفاء من الانفلونزا
بفنجان بابونجٍ ساخنٍ
رابعاً - كسلاً في الحديث عن الظبي والقُبَّرة
خامساً - مللاً في ليالي الشتاءْ
سادساً - فشلاً فادحاً في الغناءْ ...
ليس لي أَيُّ دورٍ بما كنتُ
كانت مصادفةً أَن أكونْ
ذَكَراً ...
ومصادفةً أَن أَرى قمراً
شاحباً مثل ليمونة يَتحرَّشُ بالساهرات
ولم أَجتهد
كي أَجدْ
شامةً في أَشدّ مواضع جسميَ سِرِّيةً !
كان يمكن أن لا أكونْ
كان يمكن أن لا يكون أَبي
قد تزوَّج أمي مصادفةً
أَو أكونْ
مثل أختي التي صرخت ثم ماتت
ولم تنتبه
إلى أَنها وُلدت ساعةً واحدةْ
ولم تعرف الوالدةْ ...
أَو : كَبَيْض حَمَامٍ تكسَّرَ
قبل انبلاج فِراخ الحمام من الكِلْسِ /
كانت مصادفة أَن أكون
أنا الحيّ في حادث الباصِ
حيث تأخَّرْتُ عن رحلتي المدرسيّةْ
لأني نسيتُ الوجود وأَحواله
عندما كنت أَقرأ في الليل قصَّةَ حُبٍّ
تَقمَّصْتُ دور المؤلف فيها
ودورَ الحبيب - الضحيَّةْ
فكنتُ شهيد الهوى في الروايةِ
والحيَّ في حادث السيرِ /
لا دور لي في المزاح مع البحرِ
لكنني وَلَدٌ طائشٌ
من هُواة التسكّع في جاذبيّة ماءٍ
ينادي : تعال إليّْ !
ولا دور لي في النجاة من البحرِ
أَنْقَذَني نورسٌ آدميٌّ
رأى الموج يصطادني ويشلُّ يديّْ
كان يمكن أَلاَّ أكون مُصاباً
بجنِّ الُمعَلَّقة الجاهليّةِ
لو أَن بوَّابة الدار كانت شماليّةً
لا تطلُّ على البحرِ
لو أَن دوريّةَ الجيش لم تر نار القرى
تخبز الليلَ
لو أَن خمسة عشر شهيداً
أَعادوا بناء المتاريسِ
لو أَن ذاك المكان الزراعيَّ لم ينكسرْ
رُبَّما صرتُ زيتونةً
أو مُعَلِّم جغرافيا
أو خبيراً بمملكة النمل
أو حارساً للصدى !
مَنْ أنا لأقول لكم
ما أقول لكم
عند باب الكنيسةْ
ولستُ سوى رمية النرد
ما بين مُفْتَرِسٍ وفريسةْ
ربحت مزيداً من الصحو
لا لأكون سعيداً بليلتيَ المقمرةْ
بل لكي أَشهد اﻟﻤﺠزرةْ
نجوتُ مصادفةً : كُنْتُ أَصغرَ من هَدَف عسكريّ
وأكبرَ من نحلة تتنقل بين زهور السياجْ
وخفتُ كثيراً على إخوتي وأَبي
وخفتُ على زَمَنٍ من زجاجْ
وخفتُ على قطتي وعلى أَرنبي
وعلى قمر ساحر فوق مئذنة المسجد العاليةْ
وخفت على عِنَبِ الداليةْ
يتدلّى كأثداء كلبتنا ...
ومشى الخوفُ بي ومشيت بهِ
حافياً ، ناسياً ذكرياتي الصغيرة عما أريدُ
من الغد - لا وقت للغد -
أَمشي / أهرولُ / أركضُ / أصعدُ / أنزلُ / أصرخُ /
أَنبحُ / أعوي / أنادي / أولولُ / أسرعُ / أبطئ / أهوي
/ أخفُّ / أجفُّ / أسيرُ / أطيرُ / أرى / لا أرى / أتعثَّرُ
/ أَصفرُّ / أخضرُّ / أزرقُّ / أنشقُّ / أجهشُ / أعطشُ
/ أتعبُ / أسغَبُ / أسقطُ / أنهضُ / أركضُ / أنسى
/ أرى / لا أرى / أتذكَُّر / أَسمعُ / أبصرُ / أهذي /
أُهَلْوِس / أهمسُ / أصرخُ / لا أستطيع / أَئنُّ / أجنّ /
أَضلّ / أقلُّ / وأكثرُ / أسقط / أعلو / وأهبط / أدْمَى
/ ويغمى عليّ /
ومن حسن حظّيَ أن الذئاب اختفت من هناك
مُصَادفةً ، أو هروباً من الجيشِ /
لا دور لي في حياتي
سوى أَنني ،
عندما عَلَّمتني تراتيلها ،
قلتُ : هل من مزيد ؟
وأَوقدتُ قنديلها
ثم حاولتُ تعديلها ...
كان يمكن أن لا أكون سُنُونُوَّةً
لو أرادت لِيَ الريحُ ذلك ،
والريح حظُّ المسافرِ ...
شمألتُ ، شرَّقتُ ، غَرَّبتُ
أما الجنوب فكان قصياً عصيّاً عليَّ
لأن الجنوب بلادي
فصرتُ مجاز سُنُونُوَّةٍ لأحلِّق فوق حطامي
ربيعاً خريفاً ..
أُعمِّدُ ريشي بغيم البحيرةِ
ثم أطيل سلامي
على الناصريِّ الذي لا يموتُ
لأن به نَفَسَ الله
والله حظُّ النبيّ ...
ومن حسن حظّيَ أَنيَ جارُ الأُلوهةِ
...
من سوء حظّيَ أَن الصليب
هو السُلَّمُ الأزليُّ إلى غدنا !
مَنْ أَنا لأقول لكم
ما أقولُ لكم ،
مَنْ أنا ؟
كان يمكن أن لا يحالفني الوحيُ
والوحي حظُّ الوحيدين
« إنَّ القصيدة رَمْيَةُ نَرْدٍ »
على رُقْعَةٍ من ظلامْ
تشعُّ ، وقد لا تشعُّ
فيهوي الكلامْ
كريش على الرملِ /
لا دَوْرَ لي في القصيدة
غيرُ امتثالي لإيقاعها :
حركاتِ الأحاسيس حسّاً يعدِّل حساً
وحَدْساً يُنَزِّلُ معنى
وغيبوبة في صدى الكلمات
وصورة نفسي التي انتقلت
إلى غيرها « أَنايَ » من
واعتمادي على نَفَسِي
وحنيني إلى النبعِ /
لا دور لي في القصيدة إلاَّ
إذا انقطع الوحيُ
والوحيُ حظُّ المهارة إذ تجتهدْ
كان يمكن ألاَّ أحبّ الفتاة التي
سألتني : كمِ الساعةُ الآنَ ؟
لو لم أَكن في طريقي إلى السينما ...
كان يمكن ألاَّ تكون خلاسيّةً مثلما
هي ، أو خاطراً غامقاً مبهما ...
هكذا تولد الكلماتُ . أدرِّبُ قلبي
على الحب كي يَسَعَ الورد والشوكَ ...
صوفيَّةٌ مفرداتي . وحسِّيَّةٌ رغباتي
ولستُ أنا مَنْ أنا الآن إلاَّ
إذا التقتِ الاثنتانِ :
أَنا ، وأَنا الأنثويَّةُ
يا حُبّ ! ما أَنت ؟ كم أنتَ أنتَ
ولا أنتَ . يا حبّ ! هُبَّ علينا
عواصفَ رعديّةً كي نصير إلى ما تحبّ
لنا من حلول السماويِّ في الجسديّ .
وذُبْ في مصبّ يفيض من الجانبين .
فأنت - وإن كنت تظهر أَو تَتَبطَّنُ -
لا شكل لك
ونحن نحبك حين نحبُّ مصادفةً
أَنت حظّ المساكين /
من سوء حظّيَ أَني نجوت مراراً
من الموت حبّاً
ومن حُسْن حظّي أنيَ ما زلت هشاً
لأدخل في التجربةْ !
يقول المحبُّ اﻟﻤﺠرِّبُ في سرِّه :
هو الحبُّ كذبتنا الصادقةْ
فتسمعه العاشقةْ
وتقول : هو الحبّ ، يأتي ويذهبُ
كالبرق والصاعقة
للحياة أقول : على مهلك ، انتظريني
إلى أن تجفُّ الثُمَالَةُ في قَدَحي ...
في الحديقة وردٌ مشاع ، ولا يستطيع
الهواءُ
الفكاكَ من الوردةِ /
انتظريني لئلاَّ تفرَّ العنادلُ مِنِّي
فاُخطئ في اللحنِ /
في الساحة المنشدون يَشُدُّون أوتار آلاتهمْ
لنشيد الوداع . على مَهْلِكِ اختصريني
لئلاَّ يطول النشيد ، فينقطع النبرُ بين المطالع ،
وَهْيَ ثنائيَّةٌ والختامِ الأُحاديّ :
تحيا الحياة !
على رسلك احتضنيني لئلاَّ تبعثرني الريحُ /
حتى على الريح ، لا أستطيع الفكاك
من الأبجدية /
لولا وقوفي على جَبَلٍ
لفرحتُ بصومعة النسر : لا ضوء أَعلى !
ولكنَّ مجداً كهذا الُمتوَّجِ بالذهب الأزرق اللانهائيِّ
صعبُ الزيارة : يبقى الوحيدُ هناك وحيداً
ولا يستطيع النزول على قدميه
فلا النسر يمشي
ولا البشريُّ يطير
فيا لك من قمَّة تشبه الهاوية
أنت يا عزلة الجبل العالية !
ليس لي أيُّ دور بما كُنْتُ
أو سأكونْ ...
هو الحظُّ . والحظ لا اسم لَهُ
قد نُسَمِّيه حدَّادَ أَقدارنا
أو نُسَمِّيه ساعي بريد السماء
نُسَمِّيه نجَّارَ تَخْتِ الوليد ونعشِ الفقيد
نسمّيه خادم آلهة في أساطيرَ
نحن الذين كتبنا النصوص لهم
واختبأنا وراء الأولمب ...
فصدَّقهم باعةُ الخزف الجائعون
وكَذَّبَنا سادةُ الذهب المتخمون
ومن سوء حظ المؤلف أن الخيال
هو الواقعيُّ على خشبات المسارحِ /
خلف الكواليس يختلف الأَمرُ
ليس السؤال : متى ؟
بل : لماذا ؟ وكيف ؟ وَمَنْ
مَنْ أنا لأقول لكم
ما أقول لكم ؟
كان يمكن أن لا أكون
وأن تقع القافلةْ
في كمين ، وأن تنقص العائلةْ
ولداً ،
هو هذا الذي يكتب الآن هذي القصيدةَ
حرفاً فحرفاً ، ونزفاً ونزفاً
على هذه الكنبةْ
بدمٍ أسود اللون ، لا هو حبر الغراب
ولا صوتُهُ ،
بل هو الليل مُعْتَصراً كُلّه
قطرةً قطرةً ، بيد الحظِّ والموهبةْ
كان يمكن أن يربح الشعرُ أكثرَ لو
لم يكن هو ، لا غيره ، هُدْهُداً
فوق فُوَهَّة الهاويةْ
ربما قال : لو كنتُ غيري
لصرتُ أنا، مرَّةً ثانيةْ
هكذا أَتحايل : نرسيس ليس جميلاً
كما ظنّ . لكن صُنَّاعَهُ
ورَّطوهُ بمرآته . فأطال تأمُّلَهُ
في الهواء المقَطَّر بالماء ...
لو كان في وسعه أن يرى غيره
لأحبَّ فتاةً تحملق فيه ،
وتنسى الأيائل تركض بين الزنابق والأقحوان ...
ولو كان أَذكى قليلاً
لحطَّم مرآتَهُ
ورأى كم هو الآخرون ...
ولو كان حُرّاً لما صار أسطورةً ...
والسرابُ كتابُ المسافر في البيد ...
لولاه ، لولا السراب ، لما واصل السيرَ
بحثاً عن الماء . هذا سحاب - يقول
ويحمل إبريق آماله بِيَدٍ وبأخرى
يشدُّ على خصره . ويدقُّ خطاه على الرملِ
كي يجمع الغيم في حُفْرةٍ .
والسراب يناديه
يُغْويه ، يخدعه ، ثم يرفعه فوق : إقرأ
إذا ما استطعتَ القراءةَ . واكتبْ إذا
ما استطعت الكتابة . يقرأ : ماء ، وماء ،
وماء .
ويكتب سطراً على الرمل : لولا السراب
لما كنت حيّاً إلى الآن /
من حسن حظِّ المسافر أن الأملْ
توأمُ اليأس ، أو شعرُهُ المرتجل
حين تبدو السماءُ رماديّةً
وأَرى وردة نَتَأَتْ فجأةً
من شقوق جدارْ
لا أقول : السماء رماديّةٌ
بل أطيل التفرُّس في وردةٍ
وأَقول لها : يا له من نهارْ !
ولاثنين من أصدقائي أقول على مدخل
الليل :
إن كان لا بُدَّ من حُلُم ، فليكُنْ
مثلنا ... وبسيطاً
كأنْ : نَتَعَشَّى معاً بعد يَوْمَيْنِ
نحن الثلاثة ،
مُحْتَفلين بصدق النبوءة في حُلْمنا
وبأنَّ الثلاثة لم ينقصوا واحداً
منذ يومين ،
فلنحتفل بسوناتا القمرْ
وتسامُحِ موت رآنا معاً سعداء
فغضَّ النظرْ !
لا أَقول : الحياة بعيداً هناك حقيقيَّةٌ
وخياليَّةُ الأمكنةْ
بل أقول : الحياة ، هنا ، ممكنةْ
ومصادفةً ، صارت الأرض أرضاً مُقَدَّسَةً
لا لأنَّ بحيراتها ورباها وأشجارها
نسخةٌ عن فراديس علويَّةٍ
بل لأن نبيّاً تمشَّى هناك
وصلَّى على صخرة فبكتْ
وهوى التلُّ من خشية الله
مُغْمىً عليه
ومصادفةً ، صار منحدر الحقل في بَلَدٍ
متحفاً للهباء ...
لأن ألوفاً من الجند ماتت هناك
من الجانبين ، دفاعاً عن القائِدَيْنِ اللذين
يقولان : هيّا . وينتظران الغنائمَ في
خيمتين حريرَيتَين من الجهتين ...
يموت الجنود مراراً ولا يعلمون
إلى الآن مَنْ كان منتصراً !
ومصادفةً ، عاش بعض الرواة وقالوا :
لو انتصر الآخرون على الآخرين
لكانت لتاريخنا البشريّ عناوينُ أخرى
يا أرضُ خضراءَ . تُفَّاحَةً . « أحبك خضراءَ »ُ
تتموَّج في الضوء والماء . خضراء . ليلُكِ
أَخضر . فجرك أَخضر . فلتزرعيني برفق...
برفقِ يَدِ الأم ، في حفنة من هواء .
أَنا بذرة من بذورك خضراء ... /
تلك القصيدة ليس لها شاعر واحدٌ
كان يمكن ألا تكون غنائيَّةَ ...
من أنا لأقول لكم
ما أَقول لكم ؟
كان يمكن أَلاَّ أكون أَنا مَنْ أَنا
كان يمكن أَلاَّ أكون هنا ...
كان يمكن أَن تسقط الطائرةْ
بي صباحاً ،
ومن حسن حظّيَ أَني نَؤُوم الضحى
فتأخَّرْتُ عن موعد الطائرةْ
كان يمكن أَلاَّ أرى الشام والقاهرةْ
ولا متحف اللوفر ، والمدن الساحرةْ
كان يمكن ، لو كنت أَبطأَ في المشي ،
أَن تقطع البندقيّةُ ظلِّي
عن الأرزة الساهرةْ
كان يمكن ، لو كنتُ أَسرع في المشي ،
أَن أَتشظّى
وأصبح خاطرةً عابرةْ
كان يمكن ، لو كُنْتُ أَسرف في الحلم ،
أَن أَفقد الذاكرة .
ومن حسن حظِّيَ أَني أنام وحيداً
فأصغي إلى جسدي
وُأصدِّقُ موهبتي في اكتشاف الألمْ
فأنادي الطبيب، قُبَيل الوفاة، بعشر دقائق
عشر دقائق تكفي لأحيا مُصَادَفَةً
وُأخيِّب ظنّ العدم
مَنْ أَنا لأخيِّب ظنَّ العدم ؟
مَنْ أنا ؟ مَنْ أنا ؟
نشرت في الثاني من تموز (يوليو)

2008

.

Merci Jalel !....

Commentaires
T
Excellent poème d'un très grand poète!<br /> Merci de proposer sa traduction pour le public non arabophone.<br /> Bonne fin de semaine lumineuse!
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EMMILA GITANA
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