SACRIFICE PERDU
Les assassins ne sont pas uniquement ceux qui mettent directement fin à
la vie d’autrui mais ce sont aussi ceux qui usent de telle ou telle
immunité pour pousser l’un au suicide et l’autre à cet abandon qui reste
bien une autre forme de suicide que nous constatons dans chaque coin
que nous parcourons soit physiquement soit moralement… Quand nous
imposons la pauvreté et la misère, la corruption et le bannissement de
l’égalité. Quand nous excellons dans le rafistolage et dans le tape à
l’œil. Quand nous honorons pour déshonorer. Quand nous applaudissons
sans raison ou encore nous nous taisons pour faire plaisir. Quand nous
sacrifions toute une génération voire une société pour le plaisir d’une
minorité voire pour un clan. Quand tout cela et bien d’autres encore
font partie de notre comportement pour ne pas dire culture alors nous ne
pouvons être que des assassins au sens propre du mot.
Les peuples dits du tiers mondes (africains et autres) ont lutté et
honoré le sens des sacrifices, malheureusement, ils ont fini entre les
griffes de ceux qui n’entendent que le froissement des billets de
banques et les exigences de leurs proches… S’ils (les responsables des
pays du tiers monde) étaient plus préoccupés par le bonheur de leur
peuple comme ils se le sont pour celui de leurs proches, il y aurait
moins de douleur et beaucoup moins de peur pour cet avenir que nous
atteindrons bien un jour…
De nos jours les assassins ne sont pas uniquement des personnes
physiques, les organisations dites gouvernementales (mondiales) et les
institutions dont le FMI ne sont autres que des assassins. Encore
faut-il que les uns et les autres sachent que tout recours à ces
institutions avec les conditions qu’elles imposent n’est autre que
l’irréfutable preuve d’une révolution étouffée voire qui n’a pas atteint
les objectifs de ses sacrifices ? Encore faut-il que les uns et les
autres sachent ce que veut dire le mot sacrifice. Encore faut-il que les
uns et les autres sachent qu’on ne confisque pas un droit collectif
comme on le fait avec cet autre dit individuel. Encore faut-il que les
uns et les autres sachent qu’une libération n’est pas la fin d’une
révolution mais le commencement d’une lutte plus féroce encore à savoir
celle que l’homme saint de corps et d’esprit livre contre tout
comportement tyrannique… Encore faut-il que ces mêmes personnes sachent
tout simplement qu’une révolution n’est pas uniquement un affrontement
mais une culture qui se prolonge dans la libération… Que des peuples
s’offrent la voie des regrets et des remords devant cet espoir étouffé
tel un poussin dans l’œuf… Que de peuples ont chanté pour déchanter…
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MOULOUDI MUSTAPHA
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