VERS L'INCONNAISSABLE
pour Marguerite-Taos Amrouche,
ma sœur berbère de Kabylie
Je suis les âmes au pays de l’inaccompli. —
Elles sont loin, enfouies là-bas, dans l’ombre enfuies
ou dans la lumière. — Je marche le jour et la nuit
pour les retrouver, les chères âmes, les bien-aimées.
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Je vole parmi les oiseaux, je chemine avec
les étoiles, diamants que je touche du bout du doigt.
O comme elles s’éclairent dans l’inaccompli voyage,
dans le vent soufflant — l’obscurité du néant.
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Je te suis Taos, — est-ce donc cela la nuit,
la nuit éternelle où vont tous les corps glorieux,
transparents et les corps lumineux entre terre
et ciel, soleils des ombres, — pays sans retour.
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Tu m’as précédé avec ton âme endeuillée,
je vois ton âme Taos, pourtant elle n’est pas noire,
elle est toute bleue comme les ciels des pays du Sud,
elle est bleue, — d’un indigo de mélancolie.
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Mais où sont-elles allées, ces âmes de pur cristal ?
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SERGE VENTURINI
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TAOS AMROUCHE