TOUJOURS CETTE IMAGE...
Toujours cette image de la main et du front,
de l'écrit rendu à la pensée.
Tel l'oiseau dans le nid, ma tête est dans ma main.
L'arbre resterait à célébrer, si le désert n'était partout
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Immortels pour la mort. Le sable est notre part insensée d'héritage.
Puisse cette main où l'esprit s'est blotti, être pleine de semences.
Demain est un autre terme.
Saviez-vous que nos ongles autrefois furent des larmes?
Nous grattons les murs avec nos pleurs durcis comme nos cours-enfants.
Il ne peut y avoir de sauvetage
quand le sang a noyé le monde. Nous ne disposons que de nos bras pour rejoindre, à la nage, la mort
(Au-delà des mers, au-dessus des crêtes, minuscule planète non identifiée,mains urnes, rondes mains comblées, échappées à la pesanteur.)
Lorsque la mémoire nous sera rendue, l'amour connaîtra-t-il enfin son âge?
Bonheur d'un vieux secret partagé.
A l'univers s'accroche encore l'espérance du premier vocable; à la main, la page froissée.
Il n'y a de temps que pour l'éveil.
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EDMOND JABES
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