RIEN N'ETAIT...
à Jacques Ancet
Où il y a l'attente, longtemps, et sans retour, où il y a dire, et puis ne plus pouvoir dire, où il y a écouter et puis ne plus pouvoir écouter, où il y a regard et puis tenter de regarder encore, et sans retour. C'est un chant, et malgré la douleur, il n'y a rien d'orphique, c'est un chant sans retour. Chaque mot creuse, là où il est pour un instant, là où il est, même dans l'absence.
Rien n'avait changé mais rien n'était plus comme avant
Jacques Ancet
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Ce qu'il n'est plus: que le mot rien dans le mot absence, que le mot ombre dans le mot corps et l'ombre ne se retourne pas, elle tourne ou elle avance, voix perdue dans la lumière subite. Le mot attend son retour, non, le mot attend sans retour. Chaque mot tourne, absent dans l'absence, sidéré dans le silence. Il est encore une ombre dans le silence: rien n'était plus, rester sans rien dire, comment, sans qu'il dise rien ?
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JEAN-GABRIEL COSCULLUELA
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Photographie Nicolas Croce