DESERT
Ormeau, cormier, figuier abandonné
qui jamais plus ne verrez revenir
l'homme qui vous planta ici,
sur la haie du grand champ du haut...
Ici, enfant, je passais votre ombre
tout au long du sentier d'herbe et d'argile
où jamais plus je ne repasserai.
Vous regardez, luisantes dans les herbes
entre cades et genévriers
les pierres remontées de la friche.
Elles ont oublié le goût de fer
de la charrue, et, derrière le mancheron
l'ombre et l'homme.
Il vous reste le loriot de l'été
et l'aigre flûte du vent.
Vous regardez sur la crête du mont
venir aube chaque jour,
et monter l'ombre où vous ensevelit
l'humidité des gouffres étoilés.
Vous attendez le retour de l'homme,
sa démarche patiente derrière le boeuf,
derrière l'ombre de l'aiguillon.
Mais tout au long du Chemin de Saint-Jacques
ils ont pris congé tous les trois
pour aller charruer dans les étoiles.
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MAX ROUQUETTE
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