DISCOURS DE GÉRALD BLONCOURT AU CENTRE NA RIVE à Montréal – QUÉBEC 20 Août 2011-08-25
Chers amis,
Chers Camarades,
Mesdames, Messieurs,
Honneur et respect !
Je voudrais dire combien je suis ému de me trouver parmi vous au Centre NA RIVE.
Je veux remercier ceux qui m’ont invité à participer à cette journée du Livre.
Vous remercier pour votre accueil.
Pour m’avoir offert la possibilité de me joindre à vous.
C’est un bonheur immense.
J’arrive bientôt en fin de parcours et je peux mesurer toute l’affection qui m’entoure.
Je ne suis que l’un des derniers survivants d’une époque qui restera dans notre Histoire comme un moment important de nos luttes vers plus de démocratie et de justice.
Les « Cinq Glorieuses de Janvier 1946 » sont une date qui s’est inscrite dans nos mémoires comme le symbole d’un « Tèt ansanb » contre les tyrannies et le despotisme.
Je ne suis qu’un, parmi tous ces héros qui se sont levés pour dire NON à la désespérance.
Je ne suis qu’un, des milliers de jeunes haïtiens qui ont ouvert la voie dans ces années là.
Il me faut citer mon frère de combat Jacques Stephen Alexis, cet immense écrivain, disparu, victime des sbires de la dictature Duvaliériste.
Il me faut rappeler la mémoire de Gérard Chenet, Kesler Clermont, Georges Beaufils, Théodore Baker, Laurore St-Just, Tilleul Laffont, René Depestre, Rodolphe Moïse, Serge Ambroise, Joseph Thevenin, Marcel Boni, Pierre St-Fort Colin, Gérard Montasse, Robert Le Bohème, Louis Charles, Calixte Delatour, Roland Montas, Louis Neptune, Isnard Vieux et j’en oublie de nombreux.
Il me faut citer notre phare : le lumineux Jacques Roumain.
Quelques-uns de ses compagnons : Etienne Charlier, Antony Lespez, Félix Dorleans Juste Constant et le cousin de mon père, Edouard Bloncourt dont le fils Ti-Franck Bloncourt nous a accueilli, Isabelle et moi.
Je salue sa compagne Marie-Follet et leur fille Fudjika, aussi présentes parmi nous.
J’adresse mon salut à son fils Noha qui s’inscrit à quatre ans et demi dans la relève du futur de notre pays.
Plus encore, je rappellerai pour en revenir à la période de Janvier 1946 : Edris St-Amand, Roger Gaillard, Ghislain Gouraige.
Autant de noms pour vous dire que je ne suis pas seul devant vous, aujourd’hui.
D’autres ont contribué à ce raz de marée culturel avec la mise en place du célèbre Centre d’Art.
L’Etats-Unien Dewitt Peters, qui fut l’un des pionniers de cette fabuleuse aventure des « peintres du merveilleux ».
Mon grand ami Geo Ramponeau, avec moi, l’un des deux seuls survivants du groupe.
Albert Mangonès, sculpteur de « Nègre Marron », Maurice Borno, le Père Petersen du Petit Séminaire St-Martial, Raymond Coupaud, et plus après, qui nous ont rejoint : Luce Turnier, Marie-José Nadal, Tamara Baussan, Jacqueline Silvera Weiner.
Je veux citer encore à cette époque : Pierre Mabille, Aimé Césaire, André Breton, Wifredo Lam.
Autant de personnalités qui ont fait partie du paysage et aidé à sa transcendance.
Expulsé du pays en février 1946 par la junte militaire Levelt-Magloire-Lavaud, j’ai rejoins la Martinique où j’ai retrouvé Aimé Césaire, Georges Desportes, Roland Suvélor, Eugène Dervain, Sonson Fourneuf, Edouard Glissant. Je fus accueillis par le généreux Robert Rose-Rosette un ami de mon père.
Puis ce fut la nuit sombre de l’époque Duvaliériste et nos luttes incessantes contre ces bourreaux de notre pays.
Je viens de relire le témoignage insoutenable de mon ami Lemoine, sur Fort-Dimanche, Fort-Lanmort !
Il faut faire connaître ce document. C’est un devoir de le lire et de le diffuser.
Au moment ou Baby-Doc impuni, profane notre sol, au vu et au sus de l’occident Démocratique, il faut crier partout les vicissitudes que ce régime a fait endurer à notre peuple qui porte encore aujourd’hui les séquelles de ces ignominies.
Plus de soixante mille victimes ! et il m’est impossible de comptabiliser les milliers de boat-poeple qui ont disparu dans le Canal du Vent, au large de Cuba, dont les corps ont échoué sur les plages paradisiaques de Miami !
Le peuple haïtien n’a jamais courbé la tête. Il n’a jamais cessé de combattre pour plus de Justice et d’Équité !
C’est l’ensemble du peuple haïtien que je veux honorer.
Halte à l’hypocrisie !
Halte aux voleurs d’Histoire !
Halte aux violeurs de mémoire !
Honneur et respect pour ces deux siècles de luttes incessantes pour la Liberté, l’Egalité et la Fraternité !
Vous me permettrez pour conclure de vous lire ce poème de mon ami Syto Cavé qui marquera la fin de mon intervention.
MA PLACE PARMI LES VIVANTS
Port-au-Prince,
23 janvier 2010.
http://bloncourt.over-blog.net