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EMMILA GITANA
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6 juillet 2012

SILENCE

Peut on imaginer que les choses restent muettes? comme bâillonnées?
qu'il faudrait accepter d'aimer bouche cousue?
quel serment pour retenir sourdement sa pulsation d'étoile?
faire retentir un fragment du monde
trébucher sur les paroles
de toute mémoire, de tous les âges.

par un singulier détour
nous revenons de l'éternel à l'éphémère
Silence qui procède à une dimidiation du fond et de la forme
de soi et de l'autre, semblable et différent

tenir le silence, les silences

d'une terre gercée de janvier
dans l'absolu du gel
dans la lecture de sa parure hivernale
du chemin boueux arrivé au terme de son endurcissement

silence d'un soir d'avril, fugitif,
quand les choses retiennent leur respiration
quand l'arbre en fleurs prend volupté à vibrer
de la montée sourde de la sève
de trop de délicatesse pour la fleur
une manière de se recueillir en lui-même

silence d'un après-midi d'été
rapporté au soleil qui subjugue et bâillonne les choses
qui claquemure les volets, tarit les sources et vide les chemins
où les êtres ne cèdent pas à la chaleur qui les écrase
un droit au repos et à devenir insouciant
comme le blé qui retrouve le soir, l'ivresse et la folie du vent

silence de toutes choses qui ont fait serment de changer de nature
en densifiant et en serrant leurs lèvres
d'un redoublement d'être, du manque à dire
de la liaison du silence à la perte de voix.
Silence essentiel de l'horizon
en son retrait perpétuel jusqu'à la clairière du visible.
Si proche qu'il soit, l'autre étire mon espace et m'assure une respiration plus ample.

Ne pas se compromettre avec la lumière
écouter au-delà de ce qu'elle s'absente, l'excès jusqu'à saturation
le plus précieux en nous, espace d' accueil, sensibilité à nous laisser affecter
à nous laisser visiter pour que les choses existent purement, simplement
sans attendre l' angoisse de la césure qui rassurerait.

Quelle angoisse caricature le silence?
ce trouble de l'être face à son absolue nudité?

Ce qui a pris corps dans la clairière authentique,
c'est la certitude que rien ne pourrait abolir cette vibration humaine
qui a son relief, son phrasé, ses contours et ses espacements
cette existence fragile d'un accompli éphémère.

Saisons d'être ponctuées de fractures, de chutes
de mélodies, de démarche silencieuse ou de cris dans les vagues
d'affirmer l'allégresse, l'harmonie effervescente de vivre.
crier à pleine voix : aimer.

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NICOLE BARRIERE

http://nicoletta.over-blog.com/

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Zuhair Hassib

Oeuvre Zuhair Hassib

 

 

 

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