LES APPARITIONS DEDAIGNEES
"Les civilisations sont des graisses.
L'Histoire échoue, Dieu faute de Dieu
n'enjambe plus nos murs soupçonneux,
l'homme feule à l'oreille de l'homme,
le Temps se fourvoie,
la fission est en cours.
Quoi encore?
La science ne peut fournir à l'homme
dévasté qu'un phare aveugle, une arme
de détresse, des outils sans légende.
Au plus dément : le sifflet des manœuvres."
Ceux qui ont installé l'éternel compensateur,
comme finalité triomphale du temporel,
n'étaient que des geôliers de passage.
Ils n'avaient pas surpris la nature tragique,
intervallaire, saccageuse, comme en suspens,
des humains.
Lumière pourrissante, l'obscurité ne serait pas la pire
condition
Il n'y avait qu'une demi-liberté.
Tel était l'octroi extrême.
Demi-liberté pour l'homme en mouvement .
Demi-liberté pour l'insecte qui dort
et attend dans la chrysalide.
Fantôme, tout juste souvenir, la liberté dans l'émeute.
La liberté était au sommet
d'une masse d'obéissances dissimulées
et de conventions acceptées
sous les traits d'un leurre irréprochable.
La liberté se trouve dans le coeur
de celui qui n'a cessé de la vouloir, de la rêver,
l'a obtenue contre le crime.
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RENE CHAR
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Photographie Isabelle Gambotti