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EMMILA GITANA
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1 octobre 2012

LA FEMME-MOT

C'est une femme-mot.
A peine un souffle entre deux lèvres folles
A peine un bruissement de chair sous l'affûté des dents
Femme-zéphir au corps de vent, elle est murmure

Sans cesse elle chante et se tait et rechante, insaisissable de silence
Buissons d'ardeurs, les mots l'habillent sous les yeux en maraude :
" Voyez de tous vos yeux ce qui n'est qu'à entendre,
La femme-parole aux vêtements de langages! "

Vérité que cela !
Préservée nue, fragilité secrète, l'âme s'inscrit sur le blanc de l'injuste en lame folles Et les récits s'écoulent, rouges blessures pour chaque mensonge, chaque trahison
Et les images tissent des remparts de soie violente sur le corps fugitif

Mais dites-moi que c'est un don ce nom, ce mot, pour qu'un à un les écrans se déchirent !
Dites-moi à l'infini que les yeux savent s'éprendre de ce nom, ce mot encore, pour que.tombe le premier voile !

Femme de mots au corps de vent, elle se tient là
Sa bouche si rouge est l'harmonique de ce qu'elle ignore être vraiment
Légers, ses mots cherchent le chemin de l'écoute
Légère, elle est l'inconsciente caresse du danger
Et, sans racine, elle raconte des histoires en robe de mer et d'horizon
Sans origine, elle invente des légendes sur fond de paysages de poivre et de coriandre
Où chaque femme est printemps de voltige
Où chaque homme tresse des lumières vivantes dans l'épaisseur du crépuscule
Et passe
Passe sans fin la femme-mot dans son corps de murmure
Vers la fontaine d'enfance à l'écume si douce, si volatile, qu'elle saurait s'y dissoudre
Fantôme
Qu'elle glisserait, fluide, entre les mains d'un imparfait désir

Mais dites-moi que c'est un don ce verbe si frais qui perle à mon front !
Dites-moi quelle antienne oubliée s'en vient friser le rebord du hanap où se posent mes lèvres
Pour que s'effondre le premier rempart !

En chaque langage elle reconnaît le miroir de sa voix
Et dire, dédire, est encore son chant vrai, ce souffle

Brisure du sens en mille détours indifférents
Les mots, les phrases étreignent jusqu'à l'épuisement son âme à vif
Mais rien, jamais, ne décide le corps à prendre chair
Elle reste cette fumée dense, arabesque éphémère de chaux vive dans le froid vif de l'infini
Vent de folies multicolores en pagnes dénoués, envolés

Mais dites-moi, oh dites-moi seulement que c'est un don ce murmure de nuit à mon oreille
Pour que s'écoule enfin la peine
Dites-moi le nom ancien de la parole qui m'est blessure à chaque sourire, à chaque pleur, pour que s'estompe le néant
Et je mourrai dans le silence de ce mot solitaire
Et je naîtrai dans le vertige pâle d'une nuit désertée
.
LEÏLA ZHOUR
.
 

TCHOBA 1

Oeuvre Tchoba


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