LE RÊVE DE GRAMSCI...Extrait
perdre notion de cette douceur
exacte de l'amande une fois
brisé le calme de l'écale
perdre notion de ce lexique
où se prirent tous mes oiseaux
quand faseillaient les feuilles
quand chaque arbre était singulier
dans sa façon de ciseler
l'espace et sasser la lumière
pour accueillir chèvres et vents
oh les mots de ma préhistoire
cette cécité loin du livre initial
or j'ai laissé
tous mes gestes dans la conscience
d'hommes maigres et secs de pauvres
traversant le plus clair du temps
pour échanger des grains des mots
ou pour prendre le thé le temps
de ne rien dire écouter l'eau
chanter l'impatience de menthe
devant la photo des martyrs
brisant les chaînes du peuple
nos nuits étaient des chiens lâchés
dans les étoiles les présages
d'errances de fous de voleurs
nous étions autour de sa voix
c'était comme dans un jardin
de merveilles dont prenait feuilles
notre silence en fin de conte
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RAYMOND FARINA
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