10 octobre 2012
L'ENCRE SERAIT L'OMBRE...Extrait
Je parle pour cette ombre qui s’éloigne à la fin du jour
ou n’est-ce pas plutôt elle qui chante en s’éloignant,
son pas qui parce qu’il l’emporte dans les champs
parle avec toute la douceur de la distance ?
Quel est cet air plus mélodieux que l’air,
sinon la déchirure même et la distance de la terre
qui murmure amoureusement, sinon les heures
qui de passer font une suite de paroles ?
Qui disparaît ne pleure point, mais chante.
Les arbres, les maisons, les fleurs s’effacent tour à tour
jusqu’aux chemins où l’ombre va toujours du même pas,
les yeux mi-clos fixés sur la flèche des eaux.
Et là où l’ombre enfin se dérobe à ma vue
à peine plus qu’elle si docile et disparue,
s’élève le souffle d’une montagne.
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PHILIPPE JACCOTTET
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