AU PAISIBLE, DORMANT
A toi, Troy Davis,
Exécuté le 21 sur soupçons de sincérité.
A toutes les victimes assassinées.
A celles que la guerre tue dans leur candeur.
.
A tous les suprêmissimes assassins une fleur d’innocence de sel
contre les vapeurs pend lamentablement à la boutonnière qu’ils
boutonnent si souvent s’ils savaient ce que c’est qu’être nu avant
que d’être mort sans même un visage aimé
Seul en plus d’être nu
A quelques minutes près nous regardions les étoiles foule céleste de
nos âmes dire que l’être que tu chéris le plus au monde -- et il y en
a mille et mille -- est en vie inestimable au-delà de la vie du
bourreau tu l’auras pardonné d’être un spasme clonique une tête de
bouffon cynique nos âmes foulées à vif par l’absurde béant
Adage paisible de la peur
Il est parti mais il est là moelle de larme d’émoi il hisse ta
colonne vers le soleil invisible de ses pensées qui dans ton cœur de
verre souffle et bat le monde s’encombre de ses dures lois mais
encore il inspire
Se prendre pour Dieu, avalé dans le trou noir de l’insolence réduit en
cendres par le forgeron de l’évidence fable dantesque recrachée par
Vulcain comédie terrestre non pas de vengeance ici-bas juste
dire au tortionnaire que le désir de briller
ne fait pas de lui une étoile
Nous petites brindilles de la rue brindilles du peuple des brindilles
oscillantes sous l’oiseau qui te chante sous le ciel pointilliste des anges
éblouis des vertus de paille branches que le vent emportera
hors du temps gelé par capitalisation toujours serons-nous de cette
nature énigmatiquement de celle d’un réel qui n’est plus infini
l’élocution brillante du Juste nous aère et nous dit : même
le bourreau n’est qu’une brindille
Briller ne fait pas d’eux des étoiles état-major regarde deux mains
liées sur dos non cambre fier d’innocence jusqu’à l’abattoir sous
les yeux d’étranges étrangers
à ton cri
Clameur d’être le bois porteur sous ta colombe qui chante la première mesure
opus K. quatre cent quatre-vingt huit mouvement deux pour que les
âmes se
souviennent stabat mater dolorosa pour que l’âme se souvienne il ne suffit
pas de dormir belle étoile voyez-les, les sous-âmes viennent à quatre pattes
à quatre sangs lécher les abats d’abattoir come prima
sous les
masques nous caressons le lambeau humain de l’existence sur la mise à nu
nous enracinerons ton cœur afin que tu fleurisses tous fleuriront
nus
apposer apposons sur la mise à nu mise nue l’apogée nue sous la pose de
ce poison qui te tue
le poids de ce tison
quittes-tu
nous
nous te sommes mus
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MARTINE CROS
Texte écrit du 22 au 30/09/2011
.
Oeuvre Tchoba